Depuis 1981, cet historien est parvenu à prédire avec une acuité quasi parfaite le résultat des élections présidentielles américaines. Et selon lui, pour novembre, les dés sont déjà jetés.

Au lendemain de.la deuxième tentative d'assassinat sur Donald Trump, déjouée le 15 septembre en Floride, analystes, commentateurs et spécialistes faisaient couler encre et salive pour savoir si oui ou non cela avantagerait l'ancien président. Comme au lendemain du débat, où il fallait savoir si oui ou non Kamala Harris l'avait gagné si oui ou non Trump l'avait perdu si oui ou non le soutien d'Elon Musk à Trump et celui de Taylor Swift à Harris pouvaient sceller le destin de l'élection du 5 novembre.

Pour Allan Lichtman, ces débats n'ont pas lieu d'être. D'abord parce que, comme tout un chacun, ce professeur d'histoire de l'American University de Washington D. C. sait que ce n'est pas un débat qui change le cours d'une élection. Ensuite, parce que Lichtman sait déjà qui sera le 47e président des États-Unis.

En 1981, il invente, avec un ami géophysicien, les « 13 clés de la Maison-Blanche ». Contrairement à Paul le poulpe qui avait prédit les résultats de l'équipe d'Allemagne pour la Coupe du monde 2010 en ouvrant des boîtes aux couleurs de l'équipe gagnante, Lichtman, lui, se fonde sur 13 facteurs très précis pour savoir si oui ou non un candidat peut l'emporter.

Aucun doute

Pour l'universitaire de 77 ans, cela ne fait aucun doute Kamala Harris.sera victorieuse en novembre avec une majorité de clés en sa faveur. Et les démocrates de garder ainsi le contrôle de la Maison-Blanche. Une prédiction dont l'acuité va un peu plus loin que celle d'une voyante dans son marc de café. Depuis 1981, Lichtman ne s'est trompé que deux fois. En 2000, il anticipe la victoire d'Al Gore… qui sera finalement arrachée par George W. Bush dans l'une des élections les plus contestées de l'histoire américaine moderne. Puis, en 2016, il annonce gagnant Donald Trump mais pense, à tort, que ce dernier recevra également le vote populaire. Des demi-écueils qui lui permettent de lire avec à chaque fois un peu plus de finesse les scrutins suivants.

Kamala Harris peut-elle alors dormir sur ses deux oreilles ?

Loin de là. Les 13 clés de Lichtman ne fonctionnent que pour l'élection présidentielle… et ne disent rien des deux autres courses qui vont se dérouler en novembre : celles du Sénat et de la Chambre des représentants, qui vont déterminer le paysage politique avec lequel le futur locataire de la Maison-Blanche va devoir composer.

Sur ce point, Harris est sur la défensive. Pour le Sénat, il est pour l'instant difficile d'imaginer, dans le meilleur des cas pour les démocrates, un autre scénario qu'un 50/50 – avec le vice-président qui ajoute sa voix en tant que président de la Chambre haute. Du côté de la Chambre basse, où les républicains jouissent actuellement d'une timide majorité, l'abandon de Joe Biden a beaucoup plus rebattu les cartes que pour le Sénat. Mais, même si l'arrivée du ticket « Harris-Walz » a redonné de l'espoir à plusieurs candidats dans certaines circonscriptions, il est difficile d'envisager une victoire des démocrates. En tout cas, jusqu'à l'élaboration par Lichtman de nouvelles clés pour lire dans les entrailles du Parlement…

Les 13 clés de la Maison-Blanche

1/ Le camp du candidat a-t-il gagné des sièges aux élections parlementaires de mi-mandat ?

2/ Est-ce que le président en exercice se représente ?

3/ Est-ce que le candidat a évité une opposition lors des primaires ?

4/ Est-ce qu'il y a un candidat fort d'un troisième parti ?

5/ Santé de l'économie à court terme.

6/ Est-ce que la croissance de ce mandat a été au moins aussi bonne que celle des deux précédents ?

7/ Y a-t-il eu des changements drastiques de politique nationale ?

8/ Est-ce qu'il y a une agitation sociale à grande échelle ?

9/ Est-ce que l'Administration actuelle est affligée par des scandales reconnus par les deux partis ?

10/ Est-ce que le candidat est charismatique ?

11/ Est-ce que son opposant a un déficit de charisme ?

12/ Succès en politique internationale.

13/ Échecs en politique internationale.