Il suffit d’avancer pour vivre D’aller droit devant soi Vers tout ce que l’on aime
Devant soi la route est légère Et s’ouvre sur tous les rivages Derrière il n’y a que des chaînes
La caresse est comme un rose Qui renforce la nacre d’un midi très chaud Présence à tout jamais Rien ne se fait amour qui ne soit d’avenir
Paul Eluard
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mitsouko43
Sujet: Re: Poème Dim 5 Avr 2015 - 19:26
J'aime beaucoup Baudelaire, Le Spleen de Paris, surtout! Quel est ton poète préféré Malaya? Classique et moderne?
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Sujet: Re: Poème Dim 5 Avr 2015 - 20:09
mitsouko43 a écrit:
J'aime beaucoup Baudelaire, Le Spleen de Paris, surtout! Quel est ton poète préféré Malaya? Classique et moderne?
J'adore la poésie de Paul Éluard et ce poème en particulier...
Certitude Paul Eluard:
Certitude
Si je te parle c’est pour mieux t’entendre Si je t’entends je suis sûr de te comprendre
Si tu souris c’est pour mieux m’envahir Si tu souris je vois le monde entier
Si je t’étreins c’est pour me continuer Si nous vivons tout sera à plaisir
Si je te quitte nous nous souviendrons En te quittant nous nous retrouverons.
Paul Eluard
Son TN http://www.astrotheme.fr/astrologie/Paul_%C3%89luard
mitsouko43
Sujet: Re: Poème Dim 5 Avr 2015 - 20:12
Eluard a un thème très marqué par le Scorpion mais je trouve sa poésie presque aérienne. J'aime beaucoup Rimbaud et Villon et je découvre des poètes plus modernes à l'occasion.
rosalinda
Sujet: Re: Poème Mar 7 Avr 2015 - 9:02
Amoureuse au secret
Amoureuse au secret derrière ton sourire Toute nue les mots d’amour Découvrent tes seins et ton cou Et tes paupières Découvrent toutes les caresse Pour que les baisers dans tes yeux Ne montrent que toi toute entière.
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Sujet: Re: Poème Mar 7 Avr 2015 - 11:32
Mitsouko43 a écrit:
Eluard a un thème très marqué par le Scorpion mais je trouve sa poésie presque aérienne.
L'ascendant en Balance pour Astrothème et en Verseau pour pour Astro com. mais que ce soit l'un ou l'autre les maîtres d'ascendant sont en Scorpion.
...Le sommeil a pris ton empreinte Et la colore de tes yeux. Il fallait bien qu’un visage Réponde à tous les noms du monde. Paul Éluard
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Sujet: Re: Poème Mar 21 Avr 2015 - 0:00
L'absence de l'ami
Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami, L'ami qui tous les soirs venait à cette table Et qui ne viendra plus, la mort est misérable, Qui poignarde le cœur et qui te déconstruit.
Il avait dit un jour : "Lorsque je partirai Pour les lointains pays au-delà de la terre, Vous ne pleurerez pas, vous lèverez vos verres Et vous boirez pour moi à mon éternité."
Dans le creux de mes nuits, pourtant, je voudrais bien Boire à son souvenir pour lui rester fidèle, Mais j'ai trop de chagrin et sa voix qui m'appelle Se plante comme un clou dans le creux de ma main.
Alors je reste là au bord de mon passé, Silencieux et vaincu, pendant que sa voix passe Et j'écoute la vie s'installer à sa place, Sa place qui pourtant demeure abandonnée.
La vie de chaque jour aux minuscules joies Veut remplir à tout prix le vide de l'absence Mais elle ne pourra pas, avec ses manigances, Me prendre mon ami pour la seconde fois.
Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami. Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami !
Louis Amade.
https://www.youtube.com/watch?v=bK4GYn_tLnA
àpeuprès
Sujet: Re: Poème Mar 21 Avr 2015 - 6:51
" La vie de chaque jour aux minuscules joies Veut remplir à tout prix le vide de l'absence Mais elle ne pourra pas, avec ses manigances, Me prendre mon ami pour la seconde fois. "
j'aime beaucoup , merci Malaya
rosalinda
Sujet: Re: Poème Mar 21 Avr 2015 - 10:22
magnifique poème Malaya
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Sujet: Re: Poème Mar 21 Avr 2015 - 11:45
Merci rosalinda et àpeuprès
Louis Amade le poète-préfet:
LE PREFET Louis Amade sut concilier ses vocations de haut fonctionnaire et de poète. Sa rencontre, en 1952, avec Gilbert Bécaud devait révéler au grand public un parolier sensible qui savait "parler avec les étoiles".
... Bien sûr, dès son arrivée en région parisienne, Louis Amade a noué des liens fructueux avec les éditeurs, les compositeurs et les interprètes. Très vite, ses poèmes sont publiés et ses chansons interprétées par des vedettes du moment : Yves Montand, Georges Guétary, André Claveau, Luis Mariano, Tino Rossi... C'est alors qu'Edith Piaf lui propose de recevoir Gilbert Bécaud, pianiste accompagnateur de son futur mari, le chanteur Jacques Pills : "Je vais te l'envoyer, il brûle d'envie de composer de la musique sur tes textes et... il a beaucoup de talent." Louis Amade note sur son agenda "Gilbert Béco" et rendez-vous est pris à la préfecture pour le mercredi 3 septembre 1952 en fin de matinée.
Le jeune musicien, âgé de 25 ans, est impressionné par le décorum de l'apparat des lieux. Il rebrousse déjà chemin quand un huissier avisé apaise ses craintes. "J'essaie de percer comme compositeur de chansons, et j'aimerai écrire des musiques de films", confie-t-il à l'amical sous-préfet qui lui propose son poème Les croix des hommes : le surlendemain, la musique était faite ! Gilbert Bécaud fredonne la chanson "pour voir" et, surprise, il a une voix superbe ! Subjugué, Louis Amade lui conseille de se "lancer dans l'interprétation".
Gilbert Bécaud s'empresse de suivre ce judicieux conseil, change de cap et travaille ferme avec le parolier Pierre Delanoë. Le répertoire personnel prend forme et s'étoffe. Le tour de chant s'annonce. On connaît la suite: monsieur 100 000 volts fait sauter les plombs et fauteuils de l'Olympia ! "Cette rencontre allait marquer ma vie plus qu'aucun autre événement, et celle de Gilbert Bécaud peut-être plus encore", confie le poète dans ses souvenirs. De leur complicité naissent plus de soixante-dix chansons, avec de nombreux succès à la clé. Des tubes qui célèbrent la magie du spectacle (la Ballade des baladins, le Rideau Rouge), vantant l'ambiance colorée du Midi (la Corrida, les Marchés de Provence), regrettant l'amitié perdue (C'était mon copain, l'Absent, Quand il est mort le poète), ou encore interrogent le sens de la vie (T'es venu de loin, l'important c'est la rose)... Suite; http://www.lacitoyennete.com/magazine/retro/lamade.php
TN Louis Amade:
aepia
Sujet: Re: Poème Mar 21 Avr 2015 - 12:25
Bonjour Malaya, et merci pour ce beau partage. Belle journée .
Perceneige
Sujet: Re: Poème Dim 21 Juin 2015 - 19:36
Comme une chanson dans la nuit (…) On vit chacun avec ses fantômes. Avec l’enfant qu’il a été. Qui tire par la manche et l’emmène dans le jardin, au milieu des fleurs et des poules. Ou dans la nuit noire, au bord de l’effroi. (…) (…) On aimerai être léger, bouger à sa guise, voyageur détaché de sa propre histoire. Mais on trimballe de si lourds bagages, on a de si gros souliers aux pieds… Et nos manteaux nous pèsent, et nos poches sont pleines de babioles, de breloques, qu’on ne se souvenait pas avoir emportées. Ouvre tes valises, voyageur, vide tes poches. Garde ce qui te parle, jette ce qui t’entrave. Ce serait si simple, si on savait à coup sûr comment faire. Si on savait ce qui compte et ce qui est inutile … (…)
Alain RÉMOND
Ce n'est pas une poésie, mais ça le vaut bien
Invité
Invité
Sujet: Re: Poème Dim 21 Juin 2015 - 20:23
Oui ça le vaut Perceneige, merci
encore quelques lignes;
...Mais on ne trie pas ses souvenirs comme on trie ses papiers. On ne fait pas le ménage dans le passé comme on fait le ménage dans son grenier. [...] Et puis on tombe sur une lettre qu'on avait pas relue depuis des années. Sur de vieilles photos. On tombe sur un dossier rempli de coupures de presse, de notes griffonnées sur le dos d'une enveloppe. On s'étonne d'avoir gardé tout ce fatras, puis on lit, on relit et on se retrouve transporté des années en arrière, on est submergé d'images, d'émotions. Non, décidément, on ne peut pas jeter. Alors, on garde, en attendant. Ce qui n'empêche pas d'avancer, laborieusement, de remplir, plus ou moins vite, le sac-poubelle. Avec les souvenirs, on ne sait pas comment faire. On ne peut ni trier ni jeter. Ce sont eux qui décident. Ils s'invitent, s'imposent, s'en vont, reviennent, transpercent le cœur ou font pleurer de bonheur...
Source
Perceneige
Sujet: Re: Poème Dim 21 Juin 2015 - 20:50
Merci pour ce très beau texte d'Alain Rémond Malaya
Cévennes
Sujet: Re: Poème Dim 21 Juin 2015 - 22:18
àpeuprès
Sujet: Re: Poème Lun 22 Juin 2015 - 6:14
Superbe , Perceneige , Merci...
et merci Malaya pour ton tissage ensuite...
...couronné par Cévennes et cet écoulement du tant..
( un Peau Aime vaut bien un poème... et celui là , on a l'impression de l'avoir ds la peau )
mitsouko43
Sujet: Re: Poème Lun 22 Juin 2015 - 10:29
Perceneige a écrit:
Comme une chanson dans la nuit (…) On vit chacun avec ses fantômes. Avec l’enfant qu’il a été. Qui tire par la manche et l’emmène dans le jardin, au milieu des fleurs et des poules. Ou dans la nuit noire, au bord de l’effroi. (…) (…) On aimerai être léger, bouger à sa guise, voyageur détaché de sa propre histoire. Mais on trimballe de si lourds bagages, on a de si gros souliers aux pieds… Et nos manteaux nous pèsent, et nos poches sont pleines de babioles, de breloques, qu’on ne se souvenait pas avoir emportées. Ouvre tes valises, voyageur, vide tes poches. Garde ce qui te parle, jette ce qui t’entrave. Ce serait si simple, si on savait à coup sûr comment faire. Si on savait ce qui compte et ce qui est inutile … (…)
Alain RÉMOND
Ce n'est pas une poésie, mais ça le vaut bien
On dirait un poème en prose. J'aime beaucoup.
Invité
Invité
Sujet: Re: Poème Dim 6 Déc 2015 - 0:14
Nostalgie
Cela fait cent ans que je n’ai pas vu ton visage que je n’ai pas passé mon bras autour de ta taille que je ne vois plus mon visage dans tes yeux cela fait cent ans que je ne pose plus de question à la lumière de ton esprit que je n’ai pas touché à la chaleur de ton ventre.
Cela fait cent ans qu’une femme m’attend dans une ville. Nous étions penchés sur la même branche, sur la même branche nous en sommes tombés, nous nous sommes quittés entre nous tout un siècle dans le temps et dans l’espace. Cela fait cent ans que dans la pénombre je cours derrière toi.
Tu es mon ivresse De toi je n’ai point dessoûlé Je ne puis dessoûler Je ne veux point dessoûler
Ma tête lourde Mes genoux écorchés Mes vêtements crottés Je vais vers ta lumière qui brille et qui s’éteint en titubant, tombant, me relevant.
Nâzim Hikmet
Blou
Sujet: Re: Poème Dim 6 Déc 2015 - 1:12
Mignonne, allons voir si la rose
À CASSANDRE
Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au soleil, A point perdu cette vesprée, Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ! ses beautés laissé choir ! Ô vraiment marâtre Nature, Puis qu’une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vôtre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur la vieillesse Fera ternir votre beauté.
Ronsard (1524, Vendômois) Odes, I,17
àpeuprès
Sujet: Re: Poème Dim 6 Déc 2015 - 7:40
toujours beau ce parfum des mots dès le matin ( pour moi !) merci Malaya et Blou , vous semblez toutes deux ( comme bibi ) méditer sur le temps qui passe...., mais le tant reste , lui..! au vent , le tant ne s'emporte pas ...
Owlferein
Sujet: Re: Poème Dim 6 Déc 2015 - 14:25
Ça
Ce machin truc chose Ce je ne sais quoi Ce je ne sais toi De mes soucis tu es la cause
Ce machin bidule chouette Que je ne saurais nommer Que je ne saurais n’aimer Tant que le doute guète
Il y’a tant de Si Mais pas assez de ça Que des si cela Et des si c’eut été ainsi
Mais ça, au juste, qu’est ce donc ? Est-ce le tout ? Est-ce le rien ? Ou bien rien du tout, tiens ? Ni l’un, ni l’autre, allons bon.
Ça c’est toi, ça c’est moi, ça c’est nous Et tout ça, c’est notre histoire Même si ça ne veux pas nous croire Ça, ça représente beaucoup
Blou
Sujet: Re: Poème Dim 6 Déc 2015 - 23:58
j'adore "le ça"
allez une poésie parlée encore Vénus à l'oeuvre chez un taureau Jean Gabin
https://youtu.be/orDR4JA91F4
àpeuprès
Sujet: Re: Poème Lun 7 Déc 2015 - 6:41
Owlferein
Owlferein
Sujet: Re: Poème Sam 11 Juin 2016 - 3:13
Je suis content parce que j'ai enfin réussis à terminer un poème/chanson sans l'abandonner en pleins milieu.
Du coup je partage !
Les paroles sont en grande partie adaptée à la mélodie de Faith is for the transient people, du jeu Touhou 10.
Faith is for the transient people
Oh toi le mortel
Oh toi qui croit en l’Éternel
T'abreuvant d’espérance
Vivant ta foi en toute insouciance
Tu regardes le ciel, lui adressant toutes tes prières
Et tu oublies bien vite d'accomplir tes bonnes actions sur terre
Mais, loin de moi l'idée de te juger
Encore moins celle de te blâmer
En toute conscience, tu suis ton chemin
Pensant être un homme bien
Refrain:
Croyant, mécréant
Est-ce tellement important ?
Pour des êtres transitoire,
voulant marquer l'histoire ?
Mais au fond de moi, vois tu, derrière toutes ces vanités
Brille une lumière qui transcende l'humanité.
Oh, toi le mortel
Toi qui aime te dire rationnel
Fort de tes certitudes
Valorisant ton exactitude
Tu observes la vie, d'un œil remplis de réalisme
Seulement, ne l'as tu pas aussi remplis de ton pessimisme ?
Mais, je ne prétend pas que tu as tort
Les jugements ne sont pas mon fort
Tu réfléchis, tu analyses
Pour que jamais rien n's'enlise
Refrain:
Croyant, mécréant
Est-ce tellement important ?
Pour des êtres transitoire,
voulant marquer l'histoire ?
Mais au fond de moi, vois tu, derrière toutes ces vanités
Brille une lumière qui transcende l'humanité.
Oh toi le mortel
Du haut de ta tour de Babel
Pensant toucher le ciel
Avec un pouvoir superficiel
Tu soumets les autres, en leur privant de leur bonheur
Ne pensant qu'à toi même, devons nous dire que tu n'as pas d' cœur ?
Comme j'aurais aimé pouvoir te comprendre
Malgré le mal que tu engendres,
Mais quand tu saignes l'humanité
Je n'veux que te voir tomber.
Refrain:
Croyant, mécréant
Est-ce tellement important ?
Pour des êtres transitoire,
voulant marquer l'histoire ?
Mais au fond de moi, vois tu, derrière toutes ces vanités
Brille une lumière qui transcende l'humanité. (bis)
La musique sur laquelle je me suis inspiré:
Owlferein
Sujet: Re: Poème Mar 11 Oct 2016 - 9:58
J'en ai écris un autre ce soir...
Secret
Secret, toi qui vole au dessus de ma tête, si loin de mes yeux et du bout de mes doigts. Dans les ténèbres de la nuit, je me languis de toi. Et rêve de déchirer ton voile, en cachette.
Secret laisse moi te connaitre.
Tout avait si bien commencé pourtant A coup de jeux et de blagues saugrenues Ponctués par quelques sourires ingénus Mais tu nous a éloigné de ces jeux innocents
Secret, misérable traître.
L'enfance s'en est allée, tu l'as emporté, Ne me laissant que pure folie et désir. A présent me voila capable du pire Pour me débarrasser du mal dont tu m'as affligé
Secret, ta mère ne va plus te reconnaître
Car quand je te découvrirai Quand je t'atteindrai, Ton corps, contre le mur, je le plaquerai Ta tête, sans pitié, je l'écraserai Ton cou, je le mordrai Avec les dents, je l'arracherai Ta peau, je la grifferai Je la saignerai
Et de toute mes forces, de tout mon cœur, de toute mon âme, de toute mes larmes, je te poignarderais
Encore et encore, sans m'arrêter Encore et encore jusqu'à m'en éssoufler
Parce que tu m'obsèdes, Parce que tu me possèdes,
Je te percerais.
Secret, en toi laisse moi renaître...
Sylviane
Sujet: Re: Poème Jeu 24 Nov 2016 - 4:41
Ce nuage est bien noir : - sur le ciel il se roule, Comme sur les galets de la côte une houle. L'ouragan l'éperonne, il s'avance à grands pas. - A le voir ainsi fait, on dirait, n'est-ce pas ? Un beau cheval arabe, à la crinière brune, Qui court et fait voler les sables de la dune. Je crois qu'il va pleuvoir : - la bise ouvre ses flancs, Et par la déchirure il sort des éclairs blancs. Rentrons. - Au bord des toits la frêle girouette D'une minute à l'autre en grinçant pirouette, Le martinet, sentant l'orage, près du sol Afin de l'éviter rabat son léger vol ; - Des arbres du jardin les cimes tremblent toutes. La pluie ! - Oh ! voyez donc comme les larges gouttes Glissent de feuille en feuille et passent à travers La tonnelle fleurie et les frais arceaux verts ! Des marches du perron en longues cascatelles, Voyez comme l'eau tombe, et de blanches dentelles Borde les frontons gris ! - Dans les chemins sablés, Les ruisseaux en torrents subitement gonflés Avec leurs flots boueux mêlés de coquillages Entraînent sans pitié les fleurs et les feuillages ; Tout est perdu : - Jasmins aux pétales nacrés, Belles-de-nuit fuyant l'astre aux rayons dorés, Volubilis chargés de cloches et de vrilles, Roses de tous pays et de toutes famines, Douces filles de Juin, frais et riant trésor ! La mouche que l'orage arrête en son essor, Le faucheux aux longs pieds et la fourmi se noient Dans cet autre océan dont les vagues tournoient. - Que faire de soi-même et du temps, quand il pleut Comme pour un nouveau déluge, et qu'on ne peut Aller voir ses amis et qu'il faut qu'on demeure ? Les uns prennent un livre en main afin que l'heure Hâte son pas boiteux, et dans l'éternité Plonge sans peser trop sur leur oisiveté ; Les autres gravement font de la politique, Sur l'ouvrage du jour exercent leur critique ; Ceux-ci causent entre eux de chiens et de chevaux, De femmes à la mode et d'opéras nouveaux ; Ceux-là du coin de l'oeil se mirent dans la glace, Débitent des fadeurs, des bons mots à la glace, Ou, du binocle armés, regardent un tableau. - Moi, j'écoute le son de l'eau tombant dans l'eau.