Sujet: Re: humeur du jour.... Mar 20 Sep 2022 - 10:57
Le bateau ivre Arthur Rimbaud Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J’étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots !
Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres, L’eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d’astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l’amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes, Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !
J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baisers montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l’assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces, Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises ! Échouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants. – Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d’azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l’Europe aux anciens parapets !
J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : – Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles, Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?
Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !
Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
Craie
Sujet: Re: humeur du jour.... Mer 21 Sep 2022 - 15:32
Invité
Invité
Sujet: Re: humeur du jour.... Jeu 22 Sep 2022 - 8:56
Il y a une guerre et le riche et le pauvre une guerre entre l'homme et la femme Il y a une guerre entre ceux qui disent qu'il y a une guerre et ceux qui disent qu'elle n'a pas lieu
Pourquoi ne reviens-tu pas de la guerre, c'est vrai, vas-y pourquoi ne reviens-tu pas de la guerre, c'est juste le début
Je vis ici avec une femme et un enfant la situation me rend un peu nerveux Oui, je me relève de ses bras et elle dit "je parie que tu appelles ça l'amour" J'appelle ça un service
Pourquoi ne reviens-tu pas de la guerre, ne sois pas un touriste pouruqoi ne reviens-tu pas de la guerre, avant qu'elle nous blesse tous pourquoi ne reviens-tu pas de la guerre, soyons tous nerveux
Tu ne supportes pas ce que je suis devenue tu préfères de loin le gentleman que j'étais avant J'ai été si facile à vaincre, si facile à contrôler Je ne savais même pas qu'il y avait une guerre
Pourquoi ne reviens-tu pas de la guerre, ne sois pas gêné pourquoi ne reviens-tu pas de la guerre, on peut toujours se marier Il y a une guerre entre le riche et le pauvre une guerre entre l'homme et la femme Il y a une guerre entre la gauche et la droite une guerre entre le blanc et le noir une guerre entre l'impair et le pair
Pourquoi ne reviens-tu pas de la guerre, ramasse ton petit fardeau pourquoi ne reviens-tu pas de la guerre, soyons égaux pourquoi ne reviens-tu pas de la guerre, peux-tu au moins m'entendre ?
Invité
Invité
Sujet: Re: humeur du jour.... Sam 24 Sep 2022 - 11:28
Adonis
Sujet: Re: humeur du jour.... Sam 24 Sep 2022 - 11:48
Très belle leçon d’espoir : )
Blou
Sujet: Re: humeur du jour.... Sam 24 Sep 2022 - 23:10
Invité
Invité
Sujet: Re: humeur du jour.... Dim 25 Sep 2022 - 13:12
Les Harmonies Werckmeister, considéré comme l’un des plus grands films européens des dernières décennies, est une référence absolue du drame social. En mettant en scène l’aventure de Janos Valushka, un humaniste profondément optimiste dans sa vision du monde et de son espèce, qui se voit confronté durant 2 heures 30 à la noirceur de l’Homme, le cinéaste hongrois signe un monument désespéré, qui s’apparente encore une fois à la fin du monde, d’un monde, celui d’un jeune idéaliste auquel le spectateur s’attache et s’identifie.
Une des plus belles séquence d’ouverture, celle-ci peut en quelque sorte synthétiser toute l’histoire et la mise en scène du film ; un plan-séquence de dix minutes, une mise en scène des corps incroyables, un discours humaniste et métaphysique plaçant de pauvres ivrognes, des êtres humains acceptés avec tout leurs défauts, au centre d’un univers bienveillant et grandiose, une musique de Mihaly Vig d’une pureté absolue placée à la perfection. Extrait
Invité
Invité
Sujet: Re: humeur du jour.... Dim 25 Sep 2022 - 17:03
Celine
Sujet: Re: humeur du jour.... Dim 25 Sep 2022 - 19:52