Marina Ovsiannikova (en russe :
Марина Владимировна Овсянникова,
Marina Vladimirovna Ovsiannikova), née
Tkatchouk (
Ткачук) en 1978 à
Odessa, est une journaliste et productrice pour la première chaîne de télévision russe
Pervi Kanal, détenue majoritairement par l'
État.
Dans la troisième semaine de l'invasion de l'
Ukraine par la
Russie, le 14 mars 2022, elle se fait mondialement connaître par un acte de résistance, en brandissant lors du journal télévisé du soir
Vremia, une pancarte pacifiste pour manifester son opposition à la guerre en
Ukraine.
Elle est arrêtée et condamnée à une amende.
Elle est de nouveau arrêtée en août 2022 et placée en résidence surveillée.
BiographieFille d'une mère russe et d'un père ukrainien,
Marina Ovsiannikova est diplômée de l'
Université d'État du
Kouban (
KubSU), puis de l'
Académie russe d'économie nationale et d'administration publique.
Elle travaille d'abord pour la
Compagnie d'État pan-russe de télévision et de radiodiffusion VGTRK.
Elle anime ensuite une émission de sport sur
Kouban TV, où elle parle de son attachement à l'équipe russe de football, de son peu de goût à voir des femmes jouer à ce sport et s'enthousiasme déjà à l'idée que «
si le football peut éloigner un homme d'une arme à feu, c'est tout simplement merveilleux ! ».
Marina Ovsiannikova est mariée à un cadre de la
télévision RT avec qui elle a deux enfants et dont elle est séparée.
Après son coup d'éclat du 14 mars, elle démissionne de son poste à
Pervi Kanal.
Elle travaille brièvement au sein du journal allemand
Die Welt.
Elle habite à
Berlin, laissant ses deux enfants en
Russie en raison de l'opposition de son ex-mari à les laisser partir avec leur mère.
Le 25 mai 2022, elle reçoit le
Prix Václav-Havel pour la dissidence créative de la
Human Rights Foundation.
Pour
Die Welt, elle réalise un reportage en
Ukraine, qui soulève aussitôt une polémique.
Elle revient à
Berlin, puis rentre en
Russie quand son contrat est terminé.
Interruption du journal télévisé (14 mars)Le 14 mars 2022, à une heure de grande écoute, lors d'un direct du journal télévisé
Vremia sur
Pervi Kanal (la première chaîne),
Marina Ovsiannikova se place derrière la présentatrice,
Iékaterina Andreïeva, qui reste impassible.
Elle montre à la caméra une pancarte écrite à la main, décorée des drapeaux russe et ukrainien, qui dit, en russe et en anglais :
«
No War (Non à la guerre).
Остановите войну (Arrêtez la guerre).
не верьте пропаганде (Ne croyez pas à la propagande).
здесь вам врут (Ils vous mentent ici).
Russians against war (Les Russes contre la guerre). »
La diffusion normale de l'émission est interrompue et un reportage pré-enregistré remplace le direct.
Peu après,
Marina Ovsiannikova est arrêtée.
L'enregistrement du journal n'est pas disponible en téléchargement, ce qui n'est pas habituel pour cette chaîne de télévision.
Message vidéo contre la guerre (14 mars)Avant d'interrompre le journal télévisé, connaissant les risques,
Marina Ovsiannikova enregistre un message vidéo d'1 min 16 qu'elle publie sur
Telegram.
Devant une bibliothèque, arborant un collier aux couleurs de l’
Ukraine et de la
Russie, elle s'adresse à la caméra.
- Spoiler:
То, что сейчас происходит на Украине — это преступление.
И Россия — страна-агрессор.
И ответственность за эту агрессию лежит на совести только одного человека.
И этот человек — Владимир Путин.
Мой отец украинец, моя мать русская.
И они никогда не были врагами.
И это ожерелье на моей шее — как символ того, что Россия должна немедленно остановить братоубийственную войну и наши братские народы ещё смогут примириться.
К сожалению, последние годы я работала на Первом канале, занимаясь кремлёвской пропагандой, и мне сейчас очень стыдно за это.
Стыдно за то, что позволяла говорить ложь с экрана телевизора.
Стыдно за то, что позволяла зомбировать русских людей.
Мы промолчали в 2014 году, когда всё это только начиналось.
Мы не вышли на митинги, когда Кремль отравил Навального.
Мы просто безмолвно наблюдали за этим античеловеческим режимом.
И сейчас от нас отвернулся весь мир.
И ещё десять поколений наших потомков не отмоются от позора этой братоубийственной войны.
Мы, русские люди — думающие и умные, только в наших силах остановить это безумие.
Выходите на митинги, ничего не бойтесь, они не могут пересажать нас всех.
«
Ce qui se passe en ce moment en Ukraine est un véritable crime.
Et la Russie est l'agresseur.
Et la responsabilité de ce crime pèse sur la conscience d'une seule personne.
Et cette personne est Vladimir Poutine.
Mon père est ukrainien, ma mère est russe.
Ils n'ont jamais été ennemis.
Et le collier autour de mon cou est un symbole du fait que la Russie doit immédiatement arrêter la guerre fratricide afin que nos peuples frères puissent encore se réconcilier.
Malheureusement, ces dernières années, j'ai travaillé sur la Première chaîne, en faisant la propagande du Kremlin, et j'en ai maintenant très honte.
J'ai honte d'avoir laissé raconter des mensonges sur les écrans de télévision.
J'ai honte d'avoir permis de zombifier les Russes.
Nous sommes restés silencieux en 2014 quand tout cela a commencé.
Nous ne sommes pas allés manifester lorsque le Kremlin a empoisonné Navalny.
Nous nous sommes contentés d'observer en silence ce régime anti-humain.
Et maintenant, le monde entier nous a tourné le dos.
Et les dix prochaines générations à venir ne seront pas en mesure de laver la honte de cette guerre fratricide.
Nous, les Russes, sommes réfléchis et intelligents.
Il est en notre pouvoir d'arrêter cette folie.
Allez manifester, n'ayez pas peur, ils ne peuvent pas nous emprisonner tous. »
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