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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: La boîte à questions Dim 3 Mai 2020 - 12:46 | |
| Rappel du premier message :Un joli soir sur vous, les étoiles du forum, petit sujet qui m'a été inspiré en lisant Maldoror cette semaine, et notamment sa vision de l'Homme... Arf, je t'entends grogner "retire-lui cette majuscule. Même dans son sens générique, il la mérite à peine" Ses propos m'ont d'abord suivi gentiment, et même poursuivi dans l'après-midi alors que je lisais "Entre la vie et la mort" d'Alexei Apoukhtine, allongée sur mon lit. Je l'ai donc posé (comprendre : laisser tomber ma liseuse), et fermé les yeux près d'une heure le temps que ça passe, que j'infuse. Alors voilà, la question : Croyez-vous en l'être humain ? - Grosso modo ♪♫♪♫♫:
Je m'étais déjà interrogée sur ma vision de l'être humain, laquelle est ondulante... sauf au final. Mais la question s’immisçait de nouveau en moi. Allons bon.
Je pense que la vision que l'on a de lui dépend quelque part du rapport que l'on entretient avec la vie. Il est complexe, l'être humain. Capable du pire comme du meilleur... Comment ignorer ses travers et pourquoi le pire annihilerait-il le meilleur ? De fait, je ne peux que croire en lui. Il n'est pas parfait, loin de là, ou alors parfaitement imparfait. C'est cette imperfection, aussi consternante soit-elle, qui me fait croire en lui. Quel avancement, quel progrès, quel développement possible dans la perfection ? C'est dans l'inconstance qu'il y a possibilité de réajustement. Dans l'inconfort qu'il y a mouvement. Dans la contradiction qu'il y a équilibre. Dans l'insensé que germe l'émerveillement. Dans un rien que peut éclore un tout. Dans la nuit qu'apparaissent les étoiles. Les horreurs dont il est capable sont autant de graines insurrectionnelles pour la beauté qui se meut en son âme. Cette beauté n'est pas prétention, ni idéalisme. Il en est capable. Dès lors, je me demande si la perte de foi en l'homme n'aurait pour cause l'idéal, un idéal blessé. Pas parfait mais perfectible, il est amené à ne pas s'enkyster dans ce qu'il est. Ce devenir n'induit pas forcément un mieux, ou un pire, ni même qu'il y parvienne mais je l'entrevois à travers les possibles aussi divers et variés qui s'offrent à lui. Je l'entrevois à travers un balancement continuel entre chaos/harmonie. Qu'il soit lacunaire, inachevé, ce serait en soi un des points de départ à ce qu'il pourrait être. Prenons l'exemple de l’écriture. À moins d'être un crack de la plume, il y a au préalable une inspiration, une impulsion, et un brouillon. Il y a les idées qui s'imposent dans leurs évidences, des fulgurations, des parcelles lumineuses, d'autres plus fragmentées qui s’entrechoquent les unes aux autres, qui brisent l'ensemble, voire qui s'en échappent, des non-sens manifestes. De vilaines ratures et des incohérences, des faiblesses. Il est difficile d'appréhender le résultat de prime abord. Pourtant, quand je me penche sur cette ébauche, je peux y voir les confusions d'un être en plein cœur du processus créatif, qui se confronte à lui-même. Et si elle n'est pas belle à proprement parler, en surface, (elle n'a pas à l'être), elle recèle une part de révolte, une puissante évocation. Dans l'anarchie apparente, je décèle quelque chose de profondément beau.
Je ne savais pas trop dans quelle catégorie placer ce sujet... Dans l'éventualité où il y aurait d'autres questions plus ou moins denses (les vôtres sont les bienvenues), du style joyeux free-style, j'ai finalement choisi de le placer dans "Un petit coin pour la musique". Dis comme ça, ça fait un peu désordre, je le reconnais et m'en excuse. Mais de cette façon chacun pourra aborder ces questions selon l'axe qui lui chante et en suivant sa petite musique intérieure. Au plaisir...
Dernière édition par Navane le Dim 3 Mai 2020 - 13:34, édité 4 fois |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: La boîte à questions Mar 5 Mai 2020 - 17:38 | |
| - Navane a écrit:
On est obligé de choisir, remedios ? Ne me dis pas que tu crois au 4 ! |
| | | annarita
| Sujet: Re: La boîte à questions Mar 5 Mai 2020 - 17:42 | |
| angèle !!! et pardon navanne d'avoir introduit un truc qui n'avait rien à voir |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La boîte à questions Mer 6 Mai 2020 - 4:17 | |
| - remedios a écrit:
- Navane a écrit:
- On est obligé de choisir, remedios ?
Ne me dis pas que tu crois au 4 ! Ben quoi ? Plaisanterie à part, telles que je me représente les choses, je n'en choisis aucune... T'es rassuré ou déçu, remedios ? Ou à la limite, la réponse 4 parce que je ne doute pas de sa beauté pour les raisons développées dans mon message initial. Oui, la 4. Je ne crois pas en sa capacité à résoudre tous les défis d'autant que son génie cohabite avec sa folie, ni à régler tous les problèmes, etc. J'aimerais bien, c'est certain, c'est tentant. Mais je crois que cela relèverait de l'utopie, de la naïveté. Plus raisonnablement, je crois en l'être humain, tout ce qu'il est, et en sa capacité à essayer de devenir meilleur. annarita, |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La boîte à questions Dim 20 Déc 2020 - 13:08 | |
| Comme je l'ai écrit sur le sujet de lilith, j'ai donc une question mortelle à vous poser, les Étoiles du forum. Vous apprenez que vous allez mourir demain. Quelle est votre réaction ? Que pensez-vous ? Que faîtes-vous de ce dernier jour ? Quel regard portez-vous sur votre vie ? Au plaisir... Une question que je te dédicace, Érèbe, car tu l'avais déjà posée |
| | | Celine
| Sujet: Re: La boîte à questions Dim 20 Déc 2020 - 13:36 | |
| Coucou Navane Ouai mortelle ta question Alors moi pour commencer je dirais que je n' ai pas peur de mourrir ( aujourd hui car ça n a pas toujours été le cas ) et je vais préciser pour moi (car ça fait partie de la vie voilà on doit mourrir un jour et on ne peut toujours prévoir quand...). Par contre je peux avoir peur de mourrir par rapport a l impact que cela peut engendrer pour les autres ( mes proches et surtout évidement mon fils je me suis déjà pose la question et si je mourrais demain qu adviendrait il pour lui ? donc je ne veux pas mourrir avant qu il soit assez grand pour s assumer dans l idéal hein ) . Si je devais mourrir demain j aimerais être entourée de ceux que j aime et passer un bon moment tous ensemble à profiter , s amuser etc.... Je ferais certainement part de mon expérience a mon fils dans une lettre en lui faisant des recommandations qui pourraient peut être l aider plus tard ... Le regard que je porte sur ma vie est plutôt mitigé...il y a eu de mauvais moments , il y a eu de bons moments mais les mauvais ont pris plus de place dans mes souvenirs ... |
| | | Elea
| Sujet: Re: La boîte à questions Dim 20 Déc 2020 - 13:50 | |
| Bonjour Navane, une belle question que posée... Je ne te dirais pas que je crois ou pas en l'être humain.. Je te répondrais que je traverse mon chemin de vie en rencontrant des dizaines, centaines d'êtres humains, tous différents les uns les autres quant leurs croyances, origines, parcours, mentalités... Et qu'à travers ces rencontres, ces leçons de vie, je me recherche moi en tant qu'être (comprendre ce que je suis) et ce que je peux apporter de meilleur aux autres et au monde d'une manière générale. Je ne sais pas ce qu'est l'être humain... Mais j'ai envie de te dire... Viens, allons voir ensemble ce que nous pouvons être (en tant qu'êtres humains) et ce que nous pouvons devenir/construire.. |
| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: La boîte à questions Dim 20 Déc 2020 - 13:57 | |
| Sujet dead |
| | | Cobra
| Sujet: Re: La boîte à questions Dim 20 Déc 2020 - 14:21 | |
| Moi ? 2 choses : - putain ! enfin libre ! - je veux la garantie que ça soit rapide ; pas envie d'agoniser quoi ! |
| | | Maldoror
| Sujet: Re: La boîte à questions Dim 20 Déc 2020 - 19:26 | |
| Petit cadeau pour toi, Navane (ie et framboise) Et pour ceux qui voudront. Picore là dedans. Tu vas bien te marrer. https://www.oeuvresouvertes.net/IMG/pdf/Cioran-De-l-inconvenient-d-etre-ne-Syllogismes-de-l-amertume-textes-integraux.pdf https://www.sonuma.be/archive/entretien-litteraire-du-04041973 Quant à ta question, je vais y réfléchir |
| | | Cobra
| Sujet: Re: La boîte à questions Dim 20 Déc 2020 - 23:56 | |
| Navane et sa manie de se connectait à l'inconscient collectif , why ?
hier soir je regardais un nouvel épisode d’une série coréenne , et à un moment il sont tous assis en tailleur à se regarder et chacun devait répondre , via un poème , à la question : " et si vous mouriez demain , que feriez-vous ? "
non mais franchement y un truc dans l'air ! remarque Saturne peut signifier la fin des choses , et puis Saturne-Jupiter ça pourrait être défini comme la fin du voyage , le dernier voyage ....par exemple . |
| | | Celine
| Sujet: Re: La boîte à questions Lun 21 Déc 2020 - 4:07 | |
| J ai réfléchi à cette question et je me demande si on peut vraiment savoir comment on réagirait si l'on apprenait qu on devait mourrir le lendemain...on peut imaginer mais je pense que cette annonce doit avoir un fort impact psychologiquement est ce que finalement nous agirons comme on le pense ? Je ne suis pas sûre en fait ... Je ne sais pas ... |
| | | Cobra
| Sujet: Re: La boîte à questions Lun 21 Déc 2020 - 4:41 | |
| oui t'as raison Céline ce matin je me suis souvenu d'une réplique de Clint Eastwood dans le bon , la brute et le truand : «Tu vois, le monde se divise en deux catégories: ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses», lançait Clint Eastwood à Eli Wallach dans Le Bon, la brute et le truand. et en commentaire je lis : " Tu vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont le pouvoir et ceux qui payent. Toi tu payes." |
| | | Celine
| Sujet: Re: La boîte à questions Lun 21 Déc 2020 - 5:00 | |
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| | | Maldoror
| Sujet: Re: La boîte à questions Lun 21 Déc 2020 - 7:28 | |
| Je me demande si je ne préférerais pas ne rien savoir et être cueilli à froid. Comme un autocar qui perd tout d'un coup le contrôle et se crashe dans le ravin. |
| | | MERCURIENNE
| Sujet: Re: La boîte à questions Lun 21 Déc 2020 - 11:02 | |
| Si je devais mourir demain ? J'ai toujours eu la vision de ma voiture exploser en vol, et comme Maldoror, je préfèrerais que ce soit rapide, pas des années à décrépir et cogiter. A froid, contente de laisser tous les emmerdes sur Terre, mais la peur de l'inconnu et ma raison qui me dit : tu te souviens pas de ta naissance, tu ne te souviendras pas de ta mort, c'est un autre passage, et puis tous l'ont fait avant nous... Qu'est-ce que 'homme ? Une marionnette, un loup ou un mouton, coincé par un karma incompréhensible, un esclave qui doit subvenir à ses besoins en se prostituant auprès d'un patron, une illusion de liberté, subir, toujours, tout celà correspond au regard que je porte sur ma vie, bien sûr. Bon bref, la mort comme libération... |
| | | YannD
| Sujet: Re: La boîte à questions Mar 22 Déc 2020 - 13:23 | |
| - MERCURIENNE a écrit:
- Qu'est-ce que 'homme ? Une marionnette, un loup ou un mouton, coincé par un karma incompréhensible, un esclave qui doit subvenir à ses besoins en se prostituant auprès d'un patron, une illusion de liberté, subir, toujours, tout celà correspond au regard que je porte sur ma vie, bien sûr. Bon bref, la mort comme libération...
On croit voir des choses, on croit savoir des choses, quand on est braqué dans le monde sensible, on pense qu'un ordinateur est juste un ordinateur, on pense qu'un clavier est juste un clavier et pourtant, au fond, c'est ce que nos sens perçoivent et c'est tout, qu'est-ce qui nous dit que ce n'est pas plus que ça (en prenant ces exemples ou en n'en prenant d'autres) ? Quelque chose qui rejoint mes propos, l'allégorie de la caverne de Platon, on pense voir, on pense connaître, on pense savoir alors qu'au fond c'est ce que l'on perçoit avec nos sens, le monde des idées nous rapproche de la vérité et tu l'exprimes très bien ce monde des idées, MERCURIENNE.
Dernière édition par YannD le Mar 22 Déc 2020 - 14:00, édité 3 fois |
| | | Blou
| Sujet: Re: La boîte à questions Mar 22 Déc 2020 - 13:45 | |
| mourir ! la belle affaire mais Vieillir ......... c'est de l'ami Jacques |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La boîte à questions Mar 29 Déc 2020 - 7:49 | |
| Petite réponse plus que tardive à vos messages et j'en suis désolée... J'ai eu quelques difficultés à assurer mes écrits, ayant été prise par un virus de saison, le quotidien et ensuite les fêtes de fin d'année. Merci à tous pour votre participation J'entends bien, Céline et Cobra, qu'il est impossible de coller au réel si on nous annonçait une telle chose. La question le dépasse en elle-même de par les circonstances exceptionnelles dans lesquelles elle s'inscrit et qu'elle décrit. Il ne s'agissait évidemment pas d'être dans l'exactitude, mais plutôt, et en effet, d'imaginer nos réactions à cet instant de sa vie et avec tout ce qui nous compose... Rien de figé, pas de réponse unitaire, on peut penser telles choses et revenir dessus pour repenser cette question une nouvelle fois et se la réapproprier. D'ailleurs, n'imagine-t-on pas tous les jours en tentant, par exemple, de se mettre à la place des autres "que ferais-je à sa place" ? On réfléchit et ressent alors sans y être tout à fait. Cette question en amène d'autres. J'en ai proposé quelques-unes, les vôtres étaient les bienvenues. Elle permet surtout de se pencher et s'interroger sur sa propre vie. Ce que cela évoque en soi et où l'on en est. En ça, je la trouve intéressante. Oui, une sorte de bilan via un exercice d'imagination réflexive, une exploration sensible à partir de que l'on est, dans notre expérience. Un regard qui se déploie et entrevoit l'inconnu à travers les images d'une vie pour y déceler de précieuses informations (ce qui nous fait vibrer ou au contraire nous éloigne de soi) et, comme l'avait suggéré la Belle des Cieux, se reconnecter à soi, revenir à l'essentiel et à ce qui résonne en soi. C'est par là que j'allais. Certains messages se rejoignent... Céline et Danaé, vous êtes plus êtes plus angoissées par le décès de vos proches que le votre, tandis que Cobra et MERCURIENNE entrevoyez la mort comme une libération. Un monde séparé en deux catégories pour toi, Cobra, et un détour par la conception dualiste (corps/esprit) du monde selon Platon avec toi, YannD. Ouais, j'avoue, ce pont que j'ai créé ici est assez magique Céline, tu es passée de la peur de la mort à la reconnaissance de son caractère inéluctable et qu'elle fasse partie de la vie. Dès lors, tu as dépassé cette crainte, tout en souhaitant que ton fils soit assez autonome pour s'assumer. Cette lettre que tu lui laisserais avec des recommandations, ça me rappelle un film vu il y a bien 15 ans. L'histoire d'une maman qui, se sachant mourante, avait écrit des lettres à sa fille (âgée de 7ans) pour l'accompagner dans chaque période de sa vie, au-delà de la mort. Elea, il y a des éléments de ta réponse qui me parlent. Tu as une jolie vision des choses. Merci de l'avoir proposée ici Danaé, Blou, on est sur un petit coin pour la musique ou pas J'ai lu ton message sur le sujet de lilith. Si ne rien faire de particulier ce jour-là relève de la bizarrerie, Danaé, je le suis aussi. Donc un regard plutôt serein si tu faisais le bilan. Milacik, les quelques mots de ta réponse... Ah, ces quelques mots m'ont fait sourire et ont été inspirants. Tu es d'une belle sagesse. Cobra, j'avoue que j'ai pouffé de rire pour la synchro avec la série. Pas fait exprès... Quoique. http://surprise.ly/v/?6Keb4kHyLMo:28:33:0:100 Ah, Maldoror, toujours à Lapointe du jeu de mots Encore merci pour le cadeau Tu ne souhaiterais rien savoir. Et là, c'est la question qui tue... Pourquoi ? C'est une question qui m'est souvent venue en vous lisant. C'est d'ailleurs une chose que je me suis souvent demandée. Pourquoi ceci et pourquoi pas cela. Et comment, aussi. En l'occurrence, pourquoi mourir libère, pourquoi avoir peur pour les autres et non pour soi. - ♪♫:
Si on m'annonçait que j'allais mourir demain, il y aurait un profond soulagement.
Mourir à 35 ans me va très bien. Je n'ai pas peur de mourir mais j'ai peur de la souffrance, du déclin de mon corps. J'en ai pris conscience que récemment. Il y a cinq ans. Si l'on m'avait posée la question quand j'étais enfant, j'aurais certainement répondu dans un haussement d'épaules et le sourire qui allait bien que la souffrance faisait partie du lot, alors que cela changerait-il d'avoir peur ?
Et puisque je suis atteinte d'une maladie neurodégénérative, ça ne va pas en s'arrangeant cette affaire.
Ce handicap, ce qu'il a impliqué, et une histoire familiale lourde à porter m'ont amené à me voir très tôt comme une mauvaise nouvelle, me sentir de trop et à la fois pas assez. J'ai entendu des choses qu'une petite fille n'avait pas à entendre. J'ai géré des situations qu'une petite fille n'avait pas à gérer seule. Comme nombre d'enfants. Alors, évidemment, j'ai surcompensé en devenant l'enfant souriante, la petite guerrière d'une lucidité décapante, qui porte et protège quitte à me foutre en l'air mais aussi à être dans une sorte d'urgence à vivre, à ressentir, à aller chercher l'instant. Un jour, je suis tombée sur cette phrase de Beaudelaire "Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie". Ce côté tenaillé, l'oscillation d'un extrême à l'autre avec chez moi cette quête d'équilibre, ça a résonné très fort et au plus profond.
C'est sur ce terreau que je me suis souvent dit que le mot "vivant" n'avait pas de synonyme plus pertinent que "mortel". Peut-être parce que je sais que les deux sont inscrits en moi. Je ressens le vivant en moi avec force et joie. Un rien m'émerveille, me touche et me rend heureuse. Ça aide drôlement dans la vie.
De ma petite enfance à jusqu'il y a encore quelques années, je pensais que le meilleur était forcément derrière moi de par le caractère évolutif de cette maladie. C'était faux, tout du moins, j'ai mûri sur ce plan. Physiquement, les faiblesses sont évidentes mais je suis plutôt fière de l'évolution intérieure. C'est assez joli comme résultat. J'arrive à le reconnaître.
Par ailleurs, j'ai découvert cette année ce que le bien-être signifiait véritablement. C'est une sensation incroyable. Rien que le fait de l'évoquer, de m'y reconnecter m'émeut aux larmes. Je croyais savoir ce que c'était, je croyais que je l'avais déjà ressenti sauf que ça n'avait rien à voir. Ça vient de l'intérieur, sans aucune circonstance extérieure, et s'accompagne d'un profond sentiment de légèreté. Comme si je me déployais au dedans, après m'être recroquevillée trop longtemps. Mais j'ai dû me mettre en face de ma vie, de tout ce que je croyais et mon corps a souvent réagi dans la douleur avec de grosses descentes émotionnelles. Des étapes à passer. Donc le déclin du corps devrait être moins source de craintes sauf que ce n'est pas vraiment le cas. Je crois qu'il y aura toujours des contradictions, des paradoxes (c'est ce qui fait l'humour) et la recherche de l'équilibre mais c'est un regard compatissant que je pose sur ma vie. J'ai fait du mieux que j'ai pu. Et je ne changerai rien. Pas une virgule. Je ne vois pas trop ce que j'aurais à modifier.
J'ai vécu. J'ai aimé fort, dit les mots qu'il fallait dans les moments forts, maudit la mimolette, perdu mes mots à force de cultiver mon jardin secret. Je me suis perdue. Il y a eu des rencontres et séparations, l'un étant très attaché à l'autre. J'ai lancé des feux d'artifice à perte, ri à m'en décrocher les mâchoires et pleuré à m'en assécher le dedans, la frontière entre rires et larmes étant très fine. J'ai tendu la main, accepté de me laisser porter (un progrès) quand mon cœur était trop lourd à traîner. Je me suis émerveillée devant la magie de la vie. J'en ai mis autour de moi. J'ai mis du cœur dans tout et rien. Je continuerai encore et toujours car je ne sais pas faire autrement. Je l'ai eu parfois au bord des lèvres devant la dureté de la vie et son exigence. J'ai dérouillé physiquement et intérieurement. J'ai eu peur, à en ronger le dedans. De la colère. J'ai eu envie de mourir très tôt, alors que j'étais haute comme trois pommes (volonté de disparaître et d'invisibilité, des pensées morbides exprimées) et puis à l'âge adulte. Profonde joie d'avoir exploré mes ombres et de les avoir apprivoisées en partie. Je me suis retrouvée, Redécouverte. Je me suis abreuvée de l'intarissable instant jusqu'à la lie. J'ai toujours tout fait à fond, même dans le pire, et ne peux cultiver de fait de regret. J'accepte tous ces moments, j'ai grandi à travers eux. Et en définitive, la joie prédomine.
Pourtant, ce serait un profond soulagement que je ressentirais si on m'apprenait que j'allais mourir demain. Et à la question de l'éternel retour, je répondrai sans doute que je l'ai vécue de telle sorte que je n'ai rien à y apporter de plus/de moins et, non, je ne souhaiterai pas la recommencer. Pas envie de la revivre tel quel. Peut-être me manque-t-il quelque chose, alors que j'ai toujours été dans le ressenti plein et entier, pour ne pas dire excessif de la vie. Je ne sais pas.
D'ailleurs, je me suis rendue compte que ça aussi, ça a changé. Quelque chose à bougé de ce côté. Il y a moins d'urgence depuis deux/trois ans. Ce n'est plus vraiment excessif mais bien plein et entier. Plus calme. Là encore, je ne sais pas, c'est étrange... Je ne veux plus être dans l'urgence.
Je ne supporterai pas le décès d'un de mes proches pour cette vie trop courte qu'il laisserait, pour l'amour que je lui porte et cette absence qu'il laisserait. Comme mes proches ne supporteraient pas mon décès. Et je suis bien contente de ne plus être là ce jour-là
Une fois, alors que j'avais une bronchite carabinée, mon père m'avait demandée de le prévenir si j'étais en train de mourir afin qu'il se prépare et prépare la suite. C'était dit avec humour et provocation. Une façon de me demander comment j'allais. Quelques années auparavant, je lui avais fait, ainsi que ma mère, une grosse frayeur en cachant la gravité de mon état lors d'une phase sensible. Personne n'avait rien vu arriver. Du grand art. Bref, suite à cette provoc de mon père, je lui avais dit clairement où j'en étais dans ma bronchite et profité pour lui demander une grande fête joyeuse avec un repas généreux pour mon enterrement. Il avait fait une drôle de tête. Mais j'avais réussi à négocié deux fêtes. Un truc sérieux, et un autre coloré... À mon image, finalement. J'ai confiance en quelques-uns de mes proches pour rire quand même pendant le truc sérieux.
Je ne ferai donc rien de particulier lors de ce dernier jour. Tout au plus, je glisserai quelques mots particuliers à mes proches, l'air de rien. Pas des mots d'amour. Des mots de vie, pour leur après. Et rien d'écrit sur le papier. Juste de cœur à âme.
Je sais pas si je suis clair, un peu le fouillis mais l'essentiel y est.
À bientôt pour une nouvelle question. Ah ben, ça ouais, que je vais continuer à vous prendre la tête avec mes questions et sur vous.
Dernière édition par Navane le Mar 29 Déc 2020 - 8:21, édité 2 fois |
| | | Celine
| Sujet: Re: La boîte à questions Mar 29 Déc 2020 - 8:11 | |
| Coucou Navane Ce que tu dis ça me fait pensé ( je ne pense pas que ce soit le même film ) il y a eu un film avec Alexandra Lamy ( je ne sais plus le titre) ou elle incarne une mère de plusieurs enfants avec un mari pas très investi dans leur éducation ...se sachant touchée par le cancer et mourrante elle cherche à organiser le placement de ses enfants avant de mourrir ... Je suis tombée plusieurs fois sur ce film en ayant envie de le voir de part son histoire réelle et touchante ...mais je n' ai jamais pu... Trop d émotion pour moi qui me ramènent à des craintes que je pourrais avoir ... Sinon dans le même style que tu racontes il y a un film que j adore ( PS i love you ) ou un homme envoi des courriers à sa femme après sa mort, il avait tout programme avant pour l amlener vers le PS: Heu ... J avais pas vu ton texte dans la barre et tu m.as fait pleurer c est très beau Navane tu es très touchante et remplie de |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La boîte à questions Mar 29 Déc 2020 - 10:58 | |
| J'avais juste laissé une trace d'humour, parce que au fond ces questions : - Navane a écrit:
- Vous apprenez que vous allez mourir demain. Quelle est votre réaction ? Que pensez-vous ? Que faîtes-vous de ce dernier jour ? Quel regard portez-vous sur votre vie ?
me semblent tourner autour du pot... qu'elle est la vraie question ici, si c'était dans la problématique de lilith, c'était l'angoisse de la mort et point barre. Pas à tortiller si je fais, je dis, j'imagine et bla bla bla... Je radicalise l'affaire, je préfère au moins c'est plus clair... j'aime bien la "clarté" directe Donc, pour moi, toute cette agitation mentale inutile et faussement romantique tourne encore et toujours autour du point essentiel : " Qui suis-je ?" Tant qu'on ne se ramène pas dans ce champs de gravité essentielle on n'a que des réponses partielles et provisoires de notre imaginaire intellectuel et émotionnel. Pourquoi pas, c'est valide, mais perso cela ne m’intéresse pas des masses. J'ai vu le corps de mon grand-père mort, j'ai accompagné mon père jusqu'à son dernier souffle et éprouvé une connexion avec ma mère après son passage, tout cela donc sur un "laps" de temps linéaire de 40 ans à peu près... Tout ce que je peux dire est que maintenant, je ne distingue pas la vie et la mort, mais la naissance et la mort... la nuance est de taille. Quand je vais dormir chaque soir... je ne me demande pas "qui" va "me" réveiller le matin suivant... pourtant cela a été ma première question "métaphysique" quand j'étais petitoune, et elle m'a bien servi pour mon enquête Enfin bref... cette question-là nous prend par la peau des fesses et évite de délayer le sujet sur les à côtés circonstanciels , elle porte un cadeau aussi, celui de l'Amour véritable pour la Vie qui s'exprime partout. |
| | | YannD
| Sujet: Re: La boîte à questions Mar 29 Déc 2020 - 13:28 | |
| - Navane a écrit:
Vous apprenez que vous allez mourir demain. Quelle est votre réaction ? Que pensez-vous ? Que faîtes-vous de ce dernier jour ? Jusqu'à la mort. Voilà ce que je pense et dit d'ailleurs ou plutôt, jusqu'au changement, c'est plus exact ainsi La "mort", n'est qu'une étape, mourir n'est pas mourir, c'est changer.
Dernière édition par YannD le Mar 29 Déc 2020 - 14:19, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La boîte à questions Mar 29 Déc 2020 - 14:15 | |
| - Navane a écrit:
- Danaé, Blou, on est sur un petit coin pour la musique ou pas
J'ai lu ton message sur le sujet de lilith. Si ne rien faire de particulier ce jour-là relève de la bizarrerie, Danaé, je le suis aussi. Donc un regard plutôt serein si tu faisais le bilan. La musique devrait être partout. Alors je suis moins bizarre, tant mieux. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La boîte à questions Mer 30 Déc 2020 - 16:40 | |
| Tant que je garde le contrôle, que je ne deviens pas impotent et garde toute ma tête alors la mort n'est qu'un passage ... |
| | | Maldoror
| Sujet: Re: La boîte à questions Mer 30 Déc 2020 - 18:41 | |
| à Navane Comment ne pas aimer quelqu'un qui maudit l'ami Molette? Tout ce que tu écris est à la fois "simple" mais beau, profond, sensible et surtout coulant comme la cancoillotte. Oui, tu es bien cette (petite) fille collante mais à laquelle on s'attache à la fin... (-----> cancoillotte oblige) Si j'étais éditeur, je publierais certains de tes écrits qui touchent l'âme avec une économie de moyens, sans pâtes à caisses ni chats Rivar(i)ol(e) inutiles. Je te souhaite une belle nouvelle année, malgré tous les stratagèmes que cette (belle) chienne de vie, surprenante comme un infar (ouest) violet nous réserve dans l'alcôve à vins. Les meilleurs qui soient, comme mes voeux, ça bas de soie. |
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| Sujet: Re: La boîte à questions
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