Tu désires savoir qui nous sommes ? Ecoute,
Sur de moelleuses peaux longeant la rive amère
Ayant atteint le but que chercha notre poupe,
Alors que nos vaisseaux erraient dans les ténèbres
Nous étant rembarqués, un dieu nous dispersa.
Pour songer au retour sur les liquides combes
La nuit on ne rêva que mutuel dommage,
Dès l'aube maint de nous mit à flot son navire
Chargé d'or, de beautés au large ceinturon.
Pour nous, l'autre moitié, rembarqués, nous partîmes,
Nos prames rasaient l'onde : un dieu l'aplanissait.
Le cruel derechef divisa la milice
D'aucuns, de leurs vaisseaux retournant le timon.
Quant à moi, sur mes nefs qui voguait de conserve
Où du plan de voyage on traçait une ébauche,
Un vent sonore vint à souffler, et bientôt
On jeta l'ancre. Après ce parcours très heureux.
Et le vent ne faiblit, depuis son gage utile
Pour guider une quille à travers un orage.
Mais lorsque, de la mer reprenant les hasards
Le dévoya, sur lui fit souffler la tempête.
Une roche polie, à cheval sur les eaux
Les flots grossis, ce roc arrête leurs assauts,
Survint, lourd des trésors dont sa flotte craquait.
Naguère il retourna de pays étranger
Sur une mer si vaste et d'où l'oiseau lui-même
N'ira coucher sur un bateau, tant qu'en ce monde
Je coucherai ce soir sur ma planche aquatique,
Tous allèrent dormir, par le sommeil vaincus.
De leurs chambres issus, l'entourent à l'envi
Et des sièges, du bois, de l'eau douce à la lèvre
Répand les grains et l'eau, puis appelle à son aide.