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| Sujet: Le Diable maléficié Lun 14 Déc 2015 - 23:25 | |
| Rappel du premier message :Interprétation symbolique de l'arcane maléficié : Sous sa forme maléficiée, le Diable incarne toujours une formidable puissance génésique mais elle est alors utilisée à des fins destructrices. A ce titre, nous avons vu que le Diable représenté sur le quinzième arcane ressemble au dieu Pan. Or, sous son aspect négatif, ce dieu reprend les attributs maléfiques du bouc dont il possède les jambes, les oreilles et les cornes. En ce sens, il évoque « l'image du mâle en perpétuelle érection, à qui, pour le calmer, il faut trois fois quatre-vingts femmes. C'est l'homme qui déshonore sa grande barbe de patriarche par des copulations contre nature. C'est lui gaspille le précieux germe de la reproduction. Image de malheureux, rendu pitoyable par des vices qu'il ne peut maîtriser de l'homme dégoûtant, il figure l'être qu'on doit fuir en se bouchant les narines » (1). Le Christ lui-même reprendra cette image du bouc pour évoquer l'homme de perdition : « Devant lui [le Fils de l'homme] seront rassemblées toutes les nations et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche ... Alors il dira encore à ceux de gauche : Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges » (2). Dès lors, en incarnant les éléments symboliques associés au bouc, le Dieu Pan évoque la puissance sexuelle exacerbée et la bestialité.
A travers l'image de ce dieu, nous découvrons donc la principale dimension symbolique associée au Diable maléficié. Il s'agit de la puissance génésique mise au service des forces régressives de l'involution. De nombreux éléments symboliques s'articulant autour de ce quinzième arcane nous confirment d'ailleurs cette interprétation. Pensons, par exemple, au symbole hindou (celui de l'union des sexes) que le Diable tient dans sa main gauche. Il représente, sous sa forme maléficiée, la fornication ou la relation adultère (établie en-dehors des plans divins). Loin de générer la vie, cette relation épuise alors le flux vital, entraînant le corps dans un processus de dégénérescence. En effet, non soutenu et non vivifié par la puissance de l'amour, l'acte sexuel génère une importante déperdition d'énergie qui dévitalise l'homme sur tous les plans (plan physique, énergétique, émotionnel et mental). A ce titre, nous avons déjà mentionné que la tête du Diable s'inscrit dans un pentagramme dont les deux pointes supérieures correspondent aux cornes, les deux pointes latérales aux oreilles, et la pointe inférieure à la barbe. Or, sous sa forme maléficiée, ce pentagramme inversé représente une totale domination exercée sur l'homme par la force sexuelle, contribuant ainsi à l'épuiser sur les quatre plans de sa personnalité (les quatre autres branches de l'étoile).
Dans la même perspective, le Diable lui-même illustre cette relation adultère entre l'élément masculin et l'élément féminin. En effet, perçue dans sa dimension négative, la tête de bouc (évoquant la dimension masculine) placée sur un buste aux seins développés (représentant la dimension féminine) confère au personnage une dimension grotesque, voire monstrueuse. Le Diable incarne alors la disharmonie. De plus, nous avons vu qu'il possède deux grandes cornes. Sous leur forme maléficiée, elles incarnent, en raison de leur capacité à défoncer, la force de destruction de l'ego (un principe actif et masculin). En raison de leur disposition en forme de lyre et de réceptacle, elles évoquent également une réceptivité exacerbée face aux influences négatives du monde (un principe passif et féminin). D'autre part, nous avons vu qu'à la place du sexe, se trouve le symbole de Mercure. Or l'influence maléficiée de cette planète favorise le développement d'un processus d'échange et de médiation basé sur la fausseté. En ce sens, le dieu Hermès (Mercure chez les Grecs) était le dieu des voleurs, du mensonge et de la ruse. Le fait que ce symbole soit placé sur le sexe du Diable nous apprend donc que la puissance créatrice dont jouit cet être est exprimée dans le cadre d'une fausse relation (adultère) entre deux principes. En conséquence, cette force de vie ne peut être que stérile.
(1) : Grillot de Givry, Le Musée des sorciers, mages et alchimistes, Paris. 1929.
(2) : Matthieu XXV, 32-33 ; 41. |
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