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| Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Edgar Morin a 100 ans Jeu 8 Juil 2021 - 11:24 | |
| Edgard Morin a 100 ans aujourd'hui. Sociologue, philosophe, essayiste... J'ai pas eu le temps de regarder son Tn en détail, mais il est d'une lucidité et d'une vivacité d'esprit quasi hors du commun à cet age là.. "Nous n'avons pas la conscience lucide que nous marchons vers l'abîme". Extrait entretien France info de ce matin, il aborde les risques d'une société ultra technologique face aux grands défis de l'humanité va devoir affronter et déplore le repli communautaire plutôt que la communauté et la solidarité des hommes....il nous parle de la "pensée complexe". Et il nous parle "Dans le fond, il y a toujours la lutte entre ce qu'on peut appeler les forces d'union, d'association, d'amitié, Eros, et les forces contraires de destruction et de mort, Thanatos. C'est le conflit depuis l'origine de l'univers où les atomes s'associent et où les étoiles se détruisent, se font bouffer par les trous noirs. Vous avez partout l'union et la mort. Vous l'avez dans la nature physique, vous l'avez dans le monde humain. Moi, je dis aux gens, aux jeunes : prenez parti pour les forces positives, les forces d'union, d'association, d'amour, et luttez contre toutes les forces de destruction, de haine et de mépris."
https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/edgar-morin/grand-entretien-nous-n-avons-pas-la-conscience-lucide-que-nous-marchons-vers-l-abime-alerte-le-philosophe-edgar-morin-qui-fete-ses-100-ans_4693409.html |
| | | Violette
| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans Jeu 8 Juil 2021 - 11:31 | |
| - Ninon a écrit:
"Dans le fond, il y a toujours la lutte entre ce qu'on peut appeler les forces d'union, d'association, d'amitié, Eros, et les forces contraires de destruction et de mort, Thanatos. C'est le conflit depuis l'origine de l'univers où les atomes s'associent et où les étoiles se détruisent, se font bouffer par les trous noirs. Vous avez partout l'union et la mort. Vous l'avez dans la nature physique, vous l'avez dans le monde humain. Moi, je dis aux gens, aux jeunes : prenez parti pour les forces positives, les forces d'union, d'association, d'amour, et luttez contre toutes les forces de destruction, de haine et de mépris."
Merci Ninon pour ce message fort beau et...réaliste. (cela m'évoque en plus la conjonction actuelle vénus/mars sur sa lune natale) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans Jeu 8 Juil 2021 - 11:36 | |
| Il m'a beaucoup touché ce matin, cet homme, son expérience et ses mots sont pour moi d'une justesse inouïe...dans cet entretien, il y a tout ce que j'aime et je déplore dans ce monde, comme lui. |
| | | ceyba
| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans Jeu 8 Juil 2021 - 11:42 | |
| https://www.lindependant.fr/2021/07/08/le-celebre-intellectuel-edgar-morin-sera-recu-a-lelysee-par-emmanuel-macron-a-loccasion-de-ses-100-ans-9658811.php bon anniversaire au vieux sage |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans Jeu 8 Juil 2021 - 11:43 | |
| Il a vraiment des caractéristiques uranienne-jupitérienne, celles de vouloir embrasser toute la culture humaine. Pluton-Mars semblent plus dévolus à son énergie inépuisable de diffusion. |
| | | Violette
| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans Jeu 8 Juil 2021 - 11:52 | |
| Fort heureusement qu'il y a des "gens" comme lui, qui nous permettent de réfléchir et surtout de se rassurer positivement sur les humains : Jupiter/saturne en IV, vierge.... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans Jeu 8 Juil 2021 - 11:59 | |
| Le thème ici est très intéressant, mais je me demande si un autre thème n'aurait pas été possible, par exemple avec un ascendant verseau. |
| | | Craie
| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans Jeu 8 Juil 2021 - 14:33 | |
| Cela doit être sympathique de vivre jusqu'à cent ans et de garder toute sa tête. Je signe. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans Mer 5 Juil 2023 - 10:05 | |
| - Entretien dans Le Monde, 2022:
Je ne serais pas arrivé là si…
… ma mère, que j’adorais, n’était pas morte quand j’avais 10 ans. Son cœur s’est arrêté dans un train qui arrivait gare Saint-Lazare et on ne m’a rien dit. Mon oncle Joseph est venu me chercher à l’école en expliquant que mes parents étaient partis en cure. Le jour de l’enterrement, mon père est venu me voir, entièrement vêtu de noir. Quand je l’ai vu, j’ai compris. Il m’a répété que ma mère était partie en voyage. Je savais que c’était des mensonges et m’enfermais dans les cabinets pour pleurer. Puis, ma tante Corine, la sœur de ma mère, m’a dit : « A partir de maintenant, c’est moi ta maman. » Ce qui m’a semblé une usurpation. J’ai vécu non seulement la mort de ma mère, mais aussi la rupture avec des êtres que j’aimais, mon père et ma tante. C’était la solitude absolue.
Quels souvenirs gardez-vous de votre mère ?
Elle avait une lésion au cœur et ne devait pas avoir d’enfants. Elle a essayé de m’avorter, mais je me suis accroché. J’étais enfant unique. Ma mère était d’autant plus attachée à moi qu’elle ne pouvait pas avoir d’autres enfants. D’elle, je garde un souvenir intense et flou. Elle m’emmenait au salon de thé des Galeries Lafayette ou chez sa couturière pour me confectionner des costumes de petit marin. Je ne voulais pas aller à l’école, mais rester auprès d’elle. Une fois, pendant une excursion près du lac de Gérardmer, dans les Vosges, elle s’est évanouie. Je me souviens de mon affolement. Mais j’ai oublié le son de sa voix. Ma mère s’appelait Luna. Longtemps, je l’ai identifiée à la lune, à la déesse Astarté que prie Salammbô, et, à chaque pleine lune, je lui rendais un culte. Encore aujourd’hui, pendant les moments de tristesse, son souvenir revient. De sa mort, je ne me suis jamais remis. Et, pendant toute ma vie, j’ai rêvé d’elle.
Que disaient ces rêves ?
Je me rappelle l’un d’entre eux, très fort, en 1969. Je vivais en Californie, où l’institut Salk m’avait convié. J’avais invité mon père et ma tante à me rejoindre – il avait fini par l’épouser, après la mort de mon oncle Joseph, déporté à Auschwitz. La veille de leur arrivée, je rêve que je me trouve au bas d’une colline et qu’apparaît un bus au sommet de celle-ci. Des dizaines de gens en descendent et marchent vers moi. Brusquement, parmi eux, je vois ma mère. Nous courons l’un vers l’autre, et nous nous embrassons. Puis elle me dit : « Je ne peux pas rester, je dois prendre le train. » Je me réveille en larmes. Mais, aussitôt après, je me sens soulagé parce que j’ai enfin pu lui dire au revoir.
Quelles conséquences la mort de votre mère a-t-elle eues dans votre vie ?
J’ai pris très tôt conscience du tragique de l’existence, tout en étant tenaillé par un besoin d’amour inassouvi, de fraternité aussi. J’ai été un enfant très solitaire et, dans cette solitude totale, je me suis cultivé. J’ai lu, j’ai été au cinéma, j’ai écouté de la musique, visité le Louvre. Bref, je me suis formé. Certaines œuvres, découvertes à cette époque, m’ont durablement marqué. En musique, le premier mouvement de la Neuvième Symphonie de Beethoven m’a mis dans un état de quasi-possession. Au cinéma, A nous la liberté !, de René Clair, et L’Opéra de quat’sous, de Georg Wilhelm Pabst, ont marqué mon adolescence. Dans les arts, j’ai admiré le quattrocento italien, mais surtout La Petite Danseuse [de 14 ans] de Degas, sous son cadre de verre. En littérature, l’empreinte de Crime et châtiment, de Dostoïevski, est restée toute ma vie.
Qu’est-ce qui vous touche chez Dostoïevski ?
Je suis bouleversé par ses personnages, notamment les femmes, comme la petite Sonia, à la fois prostituée et sainte, qui se débat avec un père ivrogne, imbécile. Il y a ce sentiment de la misère humaine, de la souffrance, mêlé à la compassion et une capacité de rédemption. Freud dit que l’on se sent toujours coupable de la mort de ses parents : peut-être me sentais-je coupable de celle de ma mère, et je me disais que je pouvais me racheter. Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé chez Dostoïevski une profondeur dans la connaissance de l’âme humaine, avec ses contradictions, ses bizarreries, et l’ai vécu comme une illumination. Cet auteur me touche à la fois aux entrailles et à l’esprit.
Un an après la mort de votre mère, vous tombez malade…
Je crois que mon organisme, mon être profond, renonçait à la vie. Personne ne comprenait ce que j’avais. Le médecin de famille a fait venir un aréopage de docteurs qui ont finalement diagnostiqué une fièvre aphteuse. J’avais des aphtes dans la gorge, que ma tante retirait un à un, tout en essayant de faire reculer la fièvre, avec de la glace. Je me suis senti trahi quand je les ai surpris un jour, mon père et elle, en train de s’embrasser, mais cette femme m’a sauvé.
L’amour occupe également une place centrale dans votre vie…
J’aime cette phrase de saint Paul : « Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. » Je l’ai dit, la mort de ma mère m’a donné une grande soif d’amour. D’ailleurs, je n’ai aimé que des femmes qui ont souffert pendant l’enfance. Je reconnaissais cette douleur qui ressemblait à la mienne. C’était le cas d’Edwige, qui a beaucoup compté pour moi, avec laquelle j’ai vécu vingt ans. Je l’ai rencontrée à mon arrivée au Chili, en 1961. J’ai été fasciné, au premier regard, par son pur visage aux yeux bleus, mais elle était mariée et avait un amant qu’elle a ensuite épousé. Nous savions que nous nous retrouverions un jour. Nous avons attendu vingt ans. Edwige était pour moi poésie infinie par son âme et par sa beauté. Quand elle est morte, en 2008, j’ai été inconsolable. Puis, en 2009, j’ai rencontré Sabah, qui me connaissait par mes écrits, au festival de musique sacrée de Fès. Comme moi, elle avait perdu un père à l’âge de 10 ans, comme moi elle s’est découverte dans Dostoïevski et, comme moi, elle avait milité dans un parti révolutionnaire avant de déchanter. Il y avait une communauté de destin. J’ai retrouvé l’amour et l’intensité de la vie, à 89 ans.
Avez-vous la foi ?
Je me suis forcé à croire dans le communisme pendant la guerre et puis j’ai été désabusé. Au moment de la révolution hongroise, j’ai quand même cru dans la liberté et voulu accompagner ce mouvement de soulèvement contre les oppressions. Aujourd’hui, je garde la foi en la fraternité et en l’amour. Mais je crois aussi aux vertus du doute. Au fond, j’ai toujours été animé par ce conflit entre raison et passion, foi et doute. Pour moi, vivre et penser, c’est affronter ces contradictions. Sans avoir de croyance métaphysique, j’ai le sentiment permanent du mystère de toute chose, de l’incompréhensible, je ne sais toujours pas pourquoi je suis né, pourquoi j’existe, pourquoi je suis dans cette pièce, en train de parler avec vous. J’ai toujours l’étonnement.
Un demi-siècle après avoir publié « L’Homme et la mort », quel rapport entretenez-vous avec elle ?
J’ai eu 100 ans l’an dernier, et ces deux zéros indiquent une proximité accrue… Parfois, l’idée m’arrive et j’ai le sentiment de l’impensable, du « moi je » qui devient pur néant. Et puis, ces moments sont remplacés par d’autres. Tant que je suis animé par des forces de curiosité, d’intérêt, d’amitié, d’amour, je ne pense pas à la mort. Il y a cinquante ans, une amie voyante m’avait dit que je tomberais d’un seul coup. Elle était tellement sûre d’elle qu’elle m’a demandé de prendre des notes. Je les relis parfois. Tout en sachant que je n’ai pas d’avenir, je continue à faire des projets, notamment d’écriture.
Croyez-vous en la vie après la mort ?
Non.
Mais vous aimez les mystiques…
Oui, j’aime la poésie profonde de saint Jean de la Croix, cette idée que plus le savoir augmente, plus il diminue, plus on est savant et moins on sait. « D’autant plus haut il est monté/Et d’autant moins il a compris ». La dimension mystique n’est pas religieuse. Une musique qui me touche, un visage qui me fascine, ou bien la nature, peuvent m’émerveiller et me procurer des émotions mystiques.
Qu’avez-vous appris sur vous-même tout au long de votre vie ?
J’ai appris ce qui a fait l’unité de ma vie. C’est, à travers des choses qui semblent disparates, un sens de la complexité et une volonté de bienveillance. Si je devais donner une leçon de vie, ce serait ceci : la bienveillance, la tolérance, et s’attendre à l’imprévu, toujours.
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| | | Craie
| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans Sam 25 Mai 2024 - 10:28 | |
| Un magnifique Uranus en 9. |
| | | Joc
| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans Lun 27 Mai 2024 - 8:41 | |
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| | | ladom
| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans Sam 1 Juin 2024 - 13:02 | |
| Des êtres comme lui ce sont des phares dans la brume....dommage que l'humanité soit incapable d'utiliser leurs lumières pour baliser le chemin ... |
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| Sujet: Re: Edgar Morin a 100 ans
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