- Bernard l'astrologue a écrit:
- Ce texte est dédié à André Barbault disparu il y a quelques jours à l’âge de 98 ans. Dans les années 70, son célèbre « Traité d’astrologie pratique » m’a ouvert les portes de l’astrologie, comme ce fut le cas pour de nombreux futurs passionnés. Je me souviens encore de la fièvre qui m’a saisi alors que sous sa plume se dessinait, page après page, cet univers magique et extraordinairement riche de sens que je n’ai jamais cessé d’explorer depuis. Merci et bon voyage monsieur Barbault.
VENDREDI, OCTOBRE 11, 2019
Platon était-il astrologue ?
Voici un titre provocateur à dessein : après tout
Platon, porte-parole de
Socrate, encensé ou critiqué de mille manières depuis plus de 23 siècles, le fut rarement - ou pas du tout - pour son penchant pour l’astrologie. Pourtant n’est-ce pas ce philosophe, dont on dit que tous les autres n’ont fait qu’ajouter des notes au bas des pages de ses ouvrages qui s’exclame dans le
Timée :
«
Dieu a inventé et nous a donné la vue, afin qu’en contemplant les révolutions de l’intelligence dans le ciel, nous les appliquions aux révolutions de notre propre pensée, qui, bien que désordonnées, sont parentes des révolutions imperturbables du ciel, et qu’après avoir étudié à fond ces mouvements célestes et participé à la rectitude naturelle des raisonnements, nous puissions, en imitant les mouvements absolument invariables de la divinité, stabiliser les nôtres, qui sont sujets à l’aberration. »
Un texte à lire et relire afin d’en extraire la moelle pleine de sens : même un astrologue peinerait à mieux définir la relation qu’entretiennent nos esprits avec la géométrie céleste, mais n’est pas
Platon qui veut.
Le philosophe bénéficia sans doute des retombées encore brûlantes de cette rencontre astrale fondatrice, décrite dans L’age axial et la conjonction
Uranus,
Neptune et
Pluton, qui eut lieu environ 150 ans avant sa naissance et qui marque une des culminations suprême de la pensée : n’ayant lieu qu’une fois tous les 3950 ans environ, elle a engendré
Lao Tseu et le
Bouddha,
Mahavira (le fondateur du
Jaïnisme) et
Pythagore (un des grands inspirateurs de
Platon), les perles de la littérature sacrée que sont les
Upanishads rédigés à cette époque, sans compter les destinées d’un grand nombre d’hommes et de femmes à travers le monde dont l’histoire n’a malheureusement pas gardé le nom.
Pourquoi soulever la question ? Quelle importance pour le monde que
Platon ait entretenu plus qu’un penchant pour l’astrologie ?
L’une des raisons semblera peut-être superficielle, puisqu’elle concerne principalement la défense de l’astrologie. Il est bon que ceux qui la considèrent comme un rêve de demeurés, sachent que
Platon l’appréciait à sa juste valeur. On s’attend forcément à ce qu’ils répondent que son intelligence hors pair ne l’empêcha pas d’être captif des présupposés de son époque : ne reçoit-on pas la même réponse à propos de
Kepler, qui montait des horoscopes et inventa de nouveaux aspects signifiants entre les astres, tout en étant l’un des plus grands savants de son temps ?
Et si, en vérité,
Platon n’était prisonnier de rien ? Et s’il participa avec certains des esprits les plus brillants de son époque, tel son disciple le mathématicien
Eudoxe de Cnide, à la fondation même de l’astrologie
Hellénistique, appelée à devenir notre astrologie occidentale et qui essaima chez les
Perses, les
Arabes, les
Juifs et même chez les
Indiens ? Car il semble bien, et je me fonde ici sur les travaux du regretté
Robert Schmidt, que l’astrologie
Hellénistique fut sciemment conceptualisée et modélisée à partir de la rencontre féconde des courants mystiques
Babyloniens,
Perses et
Egyptiens d’avec la philosophie
Grecque.
Poussant plus loin ce raisonnement, il n’est pas impossible que certaines hypothèses dont débattent les spécialistes selon lesquelles
Platon transmettait oralement un enseignement ésotérique soient vraies. Et si cet enseignement est impossible à connaître, on peut tout au moins imaginer qu’il avait quelques rapports avec l’astrologie, en tant qu’approche cosmogonique, quête du sens de la vie et en définitive instrument de transformation de la conscience.
C’est pourquoi, une autre raison bien plus vitale de parler de
Platon et de ses supposées relations à l’astrologie est que si le monde va mal, c’est parce que la nécessité de la quête du sens de la vie, lorsqu’elle ne s’est pas diluée dans les croyances héréditaires, s’est fortement étiolée, voire a presque complètement disparue. Ou pour l’exprimer autrement parce que pour la majorité d’entre nous, la vie n’a plus de signification profonde, sinon survivre en souffrant le moins possible tout en raflant un maximum de gratifications au passage, avant de vieillir dans l’amertume d’avoir manqué l’essentiel et de se demander ce qui s’est passé juste un peu trop tard.
L’astrologie possède ainsi des racines philosophiques anciennes et profondes. Que des génies tels que
Platon ou
Pythagore non seulement la prenaient au sérieux, mais participèrent à son élaboration, nous prouve qu’elle a capacité à éclairer nos consciences. L’astrologie est une école de sagesse qui, à notre époque marquée par une autodestruction virulente, nous enseigne qu’en levant la tête vers ces mêmes étoiles que contemplaient les anciens
Grecs et en définitive tous les peuples de la terre, il y a encore moyen d’y trouver des réponses à nos questions : ces réponses sont intérieures et elles seules sont capables de changer nos consciences et ainsi, de changer le monde avant qu’il ne soit trop tard.
Source
Bernard l’astrologue