Je ne remets pas en question le fait que Juan Branco ait des travers et je ne le transforme pas non plus en chevalier blanc. Par ailleurs, son implication dans les Wikileaks démontre un certain attrait pour l’action sournoise. Mais n’est-elle pas parfois le seul moyen de remettre l’église au centre du village comme dirait nos anciens ?

Personne n’est au-delà de l’imperfection et de l’erreur. L’humanité est pleine de contrastes, de paradoxes. Par exemple, l’humiliation peut engendrer un besoin de vengeance, qui, mit à exécution devient un cercle vicieux d’humiliations. Si je ne crédite pas cela, je peux toutefois comprendre les ressorts du processus. La mesquinerie est malheureusement chose commune dans les communautés d’êtres.

Cela étant, la critique du système n’a de cohérence que si on replace ses acteurs dans leurs humanités imparfaites, dans leurs complexes, leurs troubles et leurs contradictions. C’est d’autant plus important quand il s’agit d’en analyser les dérives, car celles-ci sont manœuvrées par des personnes et ne se résument pas exclusivement au résultat malencontreux d’une défaillance des appareils de régulation de son fonctionnement.

Ce n’est pas être sain que d’être adapté à une société malade disait Krishnamurti, et en ce qui me concerne, cela raisonne fort.

Juan Branco n’est certainement pas un ange auréolé de lumière, pas plus que Gabriel Attal, mais une chose me paraît plutôt claire, il n’instrumentalise pas son vécu pour servir son ambition personnelle. Il s’en sert comme terreau pour remettre en perspective des mécaniques dont il se sait être l’un des produits. D’ailleurs il n’est pas au service de sa carrière, il ne s’associe pas aux autres dans l’intérêt de bénéficier de leurs influences dans les cercles de pouvoirs. Au contraire, il est le mouton noir à abattre.

Enfin, puisque l’heure est à la confidence de la médiocrité humaine, je tiens à signaler que je ne me sens pas non plus irréprochable dans mon parcours de vie et que j’ai commis bien des erreurs. J’ai certes subi l’humiliation, le harcèlement, mais mes réponses n’ont pas toujours été des plus honnêtes, frontales ou mieux fondées. Je suis donc hautement critiquable aussi. Le fait est que la prise de conscience de tout cela est à mon niveau un moyen de prendre du recul sur mon vécu, de nourrir une réflexion plus globale et moins égocentrée. En cela, je retrouve un écho chez l’imparfait filou de Juan Branco, qui propose un état des lieux dépassant sa seule intégration dans le système des hiérarchies du pouvoir et de leurs reproductions.

L’œuf ou la poule c’est toujours délicat de répondre à cela.

Un petit bonhomme d’origine portugaise, avec un seul sourcil au-dessus du regard et une coupe de cheveux dynamitée ne me paraît pas surévaluer sa propre apparence ou lui donner plus d’importance que ça. Alors pourquoi Juan Branco a fait ce site destiné à l’humiliation du physique ? Est-ce par simple mauvais esprit de méchant garnement ayant le vice au corps parce qu’issus d’un milieu dysfonctionnel ou parce qu’il a été lui-même l’objet d’insistantes moqueries dont il s’est fait le violent miroir, afin de remettre à leur place des arrogants et des mesquins ? Si la raison d’un acte ne le justifie pas, est-il irraisonnable de penser qu’elle doit peser dans la balance des avis qu’on formule ?

Sans contexte, on ne peut que supputer et un seul son de cloche ne suffit pas à faire une vérité.

Enfin Navane, s’il s’avérai que tu étais une petite bourgeoise macroniste, j’aurais au moins une raison de ne pas rejeter intégralement l’esprit de cette classe du peuple français.

Pour ma part, Navane, il ne me semble pas avoir dit que Gabriel Attal mentait. J'ai par contre avancé que je ne croyais pas à son auto-victimisation, qu'elle relevait du show.

Navane,

Mettre une baffe pour s'amuser, en recevoir une en retour et se poser en victime, est-ce la même chose que de prendre une baffe sans raisons parce que notre tête déplaît ?

De mon point de vue, ce n’est pas pareil d’être victime de harcèlement quand rien n’a été fait pour être une cible si ce n’est de ne pas être comme les autres, que de vivre un harcèlement de réponse à celui qu’on a fait subir. Ce n’est pas la même chose d’être un bouc émissaire que d’être pris au piège dans l’engrenage de ses propres frasques. D’où la nécessité de contextualiser.

D’ailleurs la proposition politique qui ressort sur le sujet du harcèlement scolaire m’apparaît plutôt pauvre, pour ne pas affirmer qu'elle est simplement de la poudre aux yeux. La création d’une plateforme à destination des parents d’enfants harcelés, ça ressemble à tous ces numéros verts produits par la macronie et qui en définitive, n’apportent aucune solution réelle au problème, mais sert surtout à dire, on n’a pas rien fait.

Pas de tentative de décryptage autour des mécanismes qui amènent à ces débordements dans l’espace collectif. Pas de réel débat public sur le sujet, ni de proposition d’envergure. Pas de discussions nationales sur les dispositions à mettre en œuvre dans les établissements pour restreindre l’émergence du harcèlement. Seulement des mots, des agitations de bras, pour donner l’illusion qu’une action est menée. Et puis, on met en place un petit site ou un numéro vert, et le tour est joué, le sujet est en court de traitement. Mais quel est le plan concret derrière ça ? On n'en sait rien et bizarrement, ça s'oublie.

Enfin, la cohérence d’un discours en dit long sur la personne qui le tient.

Est-ce logique de se montrer sectaire quand l’on a soit même été l’objet de l’intolérance des autres ? Par exemple, ce débat fallacieux qui a parasité l’espace public en début d’année scolaire autour de l’abaya, sachant que ce terme signifie étymologiquement robe ou manteau et que ce n’est en rien relié au culte religieux musulman, mais à une culture ? Quelqu’un qui prend ce prétexte pour « défendre » la laïcité est-il vraiment honnête dans son positionnement idéologique ou cherche-t-il à discriminer une partie de la population française ?

Il me semble que se sont des questions qui se posent et remettent en perspective des buzz médiatiques finalement discutables, dans leur poids et leurs implications réelles.

La lune de Gabrielle Attal ne m’apparaît pas comme fragile. L’opposition n’est pas un aspect qui fragilise, au contraire c’est du renforcement par l’alternance mobile, l’accomplissement par la capacité à compléter dynamiquement une inversion fonctionnelle et ce qu’elle propose. Au surplus, cette fameuse lune est en harmonie avec le soleil, vénus ainsi que pluton, des fonctions en analogie avec le pouvoir de représenter, de séduire ainsi que celui de ramifier l’inconscient. Sachant que cette structure implique des planètes angulaires, on est là dans un renforcement de son impact dans la personnalité. S’il faut pousser plus avant, la Lune, Saturne, et Pluton jouent à domicile ainsi que Venus retrouvée là dans un état exalté. On a vu plus fragile, même au regard de la tradition.

La maison XII fragilise-t-elle ? Le lieu du mystère, du secret, de la possibilité d’intérioriser, de l’intime dans sa dimension vivante et sacrée est-il nécessairement fragile où peut-il acquérir une puissance insoupçonnée ?

Encore une fois, ce sont des questions de regard, d’interprétation, il y donc un biais de subjectivité