- cheliel a écrit:
- Je suis d'accord sur le chaos et le hasard, sur la magie de la fusion, mais à mon sens, la procréation n'est pas un projet, c'est une pulsion inscrite dans le règne du vivant, un programme de survie de l'espèce. Combien de femme violées devenant les mères du hasard dans toute l'histoire de l'engendrement ? L'amour est-il vraiment nécessaire à la procréation ?
Un projet, c'est le désir conscient de faire advenir une situation. Dans bien des cas, la procréation est un accident. D'ailleurs on dit des femmes qu'elles tombent enceintes non pas parce qu'elles l'ont désiré en âme et conscience, mais bel et bien parce que ça leur tombe dessus. Combien d'entre nous sommes des accidents de parcours pour nos mères ? Trente minutes de plaisir partagé (au mieux) et une vie à s'en remettre...
Enfin, je force là le cynisme, même si j'aime ta façon de voir les choses Navane. Oui, cela devrait être ainsi, mais malheureusement le niveau de conscience de l'humanité n'en est pas encore à ce développement que tu nous offres dans une poétique envolée lyrique. Il n'y a qu'à voir le nombre de mères célibataires qui se débattent dans la société pour s'apercevoir qu'une importante partie des mâles n'assument pas la procréation. Le règne animal, même chez les mammifères supérieurs regorge d'ailleurs d'exemples qui vont dans ce sens (heureusement que ce n'est pas l'unique voie, nous sommes d'accord).
Enfin, dans tous les cas, mon propos ne se situait pas là. C'était une remise en question du patriarcat comme centre même de la mythologie de l’émergence de l'humain. C'est la femelle qui contient la capacité à engendrer, à générer. La fusion des gamètes est une choses indispensable, mais c'est le corps féminin qui se voue à nourrir pour maintenir vivant cet œuf premier, à le faire croître, à le protéger, à le mettre au monde. Et même après, cela devient de la dévotion nourricière pour lui permettre de grandir, s'élever jusqu'à devenir autonome.
Ce devrait donc logiquement être le féminin le centre de nos mythologies et de notre culture, de nos prières, car son rôle est sacré. C'était d'ailleurs le cas dans les temps reculés de notre histoire, ou la nature était une déesse, une mère pour la vie.
Je crois que l'on parle de la même chose,
cheliel, sauf que chacun se tient à l'extrême. Tu le fais en prenant le bout où ça se passe mal tandis que je me situe à l'opposé où ça se passe bien. Sans doute as-tu forcé le cynisme pour rétablir l'équilibre du plateau de la balance sur lequel j'avais délibérément appuyé après t'avoir lu. Ou l'es-tu à peine... Quoiqu'il en soit, on comprend ce que l'on se dit.
Retirons l'aspect lyrique de mon message. Je suis d'accord lorsque tu reviens à la dimension biologique. Le besoin originel de perpétuation de l'espèce est en effet engrammé dans les cellules de chacun, homme et femme. Pas du tout chabadalalala mais vrai
(note : évidemment, le chabada peut être vrai).
Pour autant, cette nature-là n'empêche aucunement qu'une naissance s’inscrive en conscience parce qu'elle a été pensée, désirée et attendue dans l'histoire d'un couple aimant et prolonge la vie dans ce qu'elle recèle de florissant.
Comme cette nature n'empêche pas certains couples de s'aimer quand l'un ne peut pas avoir d'enfant, malgré les progrès médicaux dans la procréation et l'adoption où leur dossier serait recalé. Ou des hommes et des femmes de ne pas vouloir d'enfant. Le plaisir sexuel et l'amour peuvent s’inscrire en dehors de toute pérennisation de l'espèce.
Oui, il y a des grossesses imprévues, que ce soient chez des ados ou des jeunes gens, des mauves et des verts, des vieux et des tordus, et ce même chez des couples établis qui sont amenés à se poser la question de la poursuivre ou non. Et si elle est menée jusqu'à la naissance, d'accident cette grossesse deviendrait une surprise. Oui, on dit communément
"tomber enceinte", une expression apparue à une époque il n'y avait pas de contraception et où l'avortement était illégal et se pratiquait dans des conditions désastreuses, et que les femmes se retrouvaient avec une grossesse non-désirée. Mais, si aujourd'hui il y a toujours des grossesses non-désirées, on peut aussi dire
"être enceinte" pour celles qui sont au cœur d'un projet.
Oui, il n'y a pas toujours de l'amour là-dedans. Oui, il y a des femmes qui tombent enceintes suite à un viol, que ce soit lors d'une rencontre horriblement malheureuse ou même dans le lit conjugal. Quelle part ces enfants représentent-ils sur l'ensemble des naissances dans notre société ? Je n'en sais rien.
Oui, il y a des femmes qui élèvent seules leurs enfants, qui assurent comme elles peuvent parce que les pères se sont barrés lâchement. Mais il y aussi des pères qui s'impliquent avec la dévotion qui est la leur, bien avant la conception, durant la grossesse, puis dans l'éducation, et ce même lorsqu'il y a séparation. Il y a d'autres hommes qui se sentent complètement exclus. Il y a des parents maltraitants. Et il y a tout ceux qui se dépatouillent comme ils peuvent avec leurs maladresses du cœur.
Enfin, il y a être enceinte et devenir mère. Il y a éjaculer et devenir père.
On remet tous les 2 en question le patriarcat. Et j'ajoute tout ce qui est archaïque. Même si tu aimes cette vision des choses, au final, je trouve juste triste de réduire la participation de l'homme à son sperme.
Mais puisque, selon toi, le Féminin devrait être ramené à sa dimension sacrée, tout ce qui entourerait et pénétrerait son temple, dans la continuité logique
***, devraient l'être aussi et réciproquement, c'est à dire Féminin et Masculin
(et je parle pas de "gratte-couilles", tu l'auras compris, hein). À travers le sacre de leur nature divine.
*** En tout cas la mienne. M'enfin, il paraît que je réfléchis à l'envers