Lilith,

C’est un sujet intéressant que tu nous proposes et auquel j’ai envie de participer. Je vais peut-être d’abord décrire mon ressentis sur le foyer avant d’essayer de faire une correspondance astrologique quelconque, car je ne voudrais pas être tentée de faire absolument correspondre les choses sur la base d’une dialectique trop cadrée sur ce que propose mon thème.

Mon foyer d’origine représente tout pour moi alors que paradoxalement, il m’a été assez délicat de m’y sentir à l’aise. J’ai longtemps été la vilaine petite canne de la portée, car étant TDAH, je mettais les nerfs de mes proches à rude épreuve, malgré moi. J’ai été une source de conflit au sein de ma famille, mon père considérant que jeunesse devait se passer quand ma mère voulait la paix au prix d’une obligation permanente de correspondance avec ses propres principes de discipline, inflexibles. Je me suis sentie tiraillée, mal aimée, responsable d’une dissension éthique entre mes parents très difficile à porter. J’avais l’impression que ma fratrie m’en voulait pour ça, que le monde entier me haïssait, je voulais n’avoir jamais existé. Cependant, avec le temps et de multiples crises, j’ai l’impression d’y avoir trouvé ma place. J’ai fait tant d’efforts pour que les choses que je bousculais contre mon gré se recollent entre elles et je suis parvenue à atteindre un équilibre désormais primordial à mon bien être. Sans ma famille, je ne suis rien, je ne peux pas envisager mon futur sans elle, loin d’elle.

Je ne sais pas si je construirais mon propre foyer, d’ailleurs mon chéri me chante souvent « Céline » d’Hugues Aufrey à cause de ça, parce que je pense plus à ma famille qu’à moi, selon lui. Pour ma part, lorsque je songe aux miens, je pense nécessairement à moi, mais il a du mal à comprendre ce point de vu alors même qu’il est intégré dedans. Comment peut-on être heureux quand ceux que nous aimons ne le sont pas ? Sinon, mon compagnon a déjà eu un fils d’une précédente union, alors je n’ai aucune pression de ce côté-là et les choses le satisfont comme elles sont, pour le moment. Nous vivons chacun chez soi et même si nous nous voyons chaque jour et nous réveillons chaque matin ensemble, nous nous recevons dans nos univers respectifs. Ce n’est pas que je ne désire pas vivre avec lui puisque finalement, je le fais d’une façon différente, mais je dois pouvoir recevoir toute ma famille dans ma maison, à n’importe quel moment de la semaine. Comme je ne veux pas lui imposer mes proches trop souvent dans son propre cocon, nous avons trouvé cette entente et jusqu’à présent, cela fonctionne plutôt bien. J’aillais oublié, je n’ai déménagé qu’une fois depuis que je suis indépendante financièrement (environ une dizaine d’années) et suis très attachée à mon home, à mon petit bordel artistique, qui me correspond plutôt bien. J’ai très peu de meubles et quasiment pas de décoration si ce n’est mes livres, mes instruments de musique et quelques reproduction de tableaux de Renoir et Van Gogh (la nature sublimée).

En ce qui concerne les racines, je leur donne une importance capitale pour comprendre d’où je viens et conséquemment, qui je suis. Très concernée par la généalogie de ma famille, j’ai toujours voulu connaître l’histoire de mes aïeux. Très tôt, j’ai posé des questions sur le passé de mes parents, de mes grands-parents et de ceux dont nous étions issus. Je pars du principe que nous sommes nous parce qu’ils ont été eux et je rêve de pouvoir accéder à une mémoire ancestrale qui me donnerait l’accès aux précieux souvenirs de mes ancêtres, à leurs intimes découvertes et leurs mystères. Mon père a toujours nourrit cet aspect de mon développement et ne m’a rien caché de ses expériences, me confiant parfois des secrets qu’il n’avait jamais révélé à personne (selon ses dires). Cela s’est fait plus tard avec ma mère, mais ça a également eu lieu. Tout ça pour dire que j’ai développé une grande complicité avec mes parents, car je ressens la nécessité d’un lien profond avec eux, qui dépasse les frontières du temps. Si je redoute le moment où ils ne seront plus, je souhaite devenir leur mémoire, un petit bout de leur au-delà dans l’existence, en continuant à les faire vivre à travers moi quand ils auront disparu. Je détesterais l’idée d’apprendre à les connaître après leurs vies, par l’entremise d’inconnus qui auraient partagés des bouts de passé dont j’aurais ignoré le déroulement.

Pour en revenir à l’astrologie, mon FC est en tout début du signe du Taureau qui ne contient aucun astre mais une conjonction NN-LN. Le maître de la maison IV est en maison VII et affligé. Il me faut peut-être préciser que Maman est Taureau et que Papa est Balance. D’ailleurs, il est intéressant de remarquer que mes deux parents ont des ascendants en toute fin du signe du Sagittaire et que les cuspides de toutes nos maisons sont toutes conjointes. Je suis la seule de leurs enfants avec qui cela se vérifie, bien que l’ascendant bélier de ma petite sœur soit conjoint à nos descendants respectifs.

Voilà pour mon témoignage. Bonne continuation Lilith !

Laurent, tu écris :

"Ne l'oublions pas: la maison 4 c'est le foyer, le home, les racines... mais aussi, sur un plan psychologique, la zone de confort, une zone que nous devons tôt ou tard quitter pour évoluer!"

J'y vois un message implicite, car d'une certaine manière cela signifierait que l'évolution personnelle tiendrait nécessairement dans le fait de quitter à un moment donné la zone du confort familiale. Or, je pense qu'en évoluant en restant toujours attaché à ses racines, c'est le faire avec toute l'authenticité de ce qui existait avant nous et nous permet d'y faire germer une originalité nouvelle, celle de notre propre branche d'avenir, sur l'arbre de nos lignées. L'esprit clanique est quelque chose qui nous permet de prendre en compte le groupe dans notre propre quête de sens existentiel. Quitter cela ne m'apparaît pas être une évolution. A mon sens il s'agit plus d'en intégrer efficacement les ressorts pour aller vers la créativité mise en lumière par la maison V, l'expression de notre originalité qui est née de ce groupe noyau dont nous sommes la somme. Nous ne quittons pas, nous nous émancipons mais restons liés, par le passé, par le sang, par l'histoire qui s'inscrit dans nos vécus, par les choix qui ont été opérés dans le relationnel particulier que cela suppose.

Après c'est un avis du moment, il n'est pas figé.

M.

J'avais bien compris Laurent, mais il apparaît que nos prismes pour aborder les choses soient différents. Pour ma part, je ne cherche pas nécessairement à rentabiliser la compréhension de ce que j'observe pour en tirer des bénéfices personnels. Mon bien-être ne dépend pas exclusivement de la satisfaction de mes propres besoins.

On peut choisir d'agir pour le groupe et évoluer avec la même efficacité. Maîtriser nos contradictions pour gagner le jeu de nos vies et sortir vainqueurs des contraintes qui s'y dessinent, n'est pas forcément le meilleur moteur existentiel pour incarner son évolution. On peut décider de faciliter les démarches de l'ensemble et cela ne va pas obligatoirement de paire avec la nécessité d'en tirer un profit intime.