Voici quelques extraits sélectionnés :
Pour l’instant, il n’a avoué «
que » deux meurtres :
ceux du militaire
Arthur Noyer et de la petite
Maëlys.
Mais les enquêteurs soupçonnent
Nordahl Lelandais d’avoir commis de nombreux autres crimes dans la région
Auvergne-
Rhône-
Alpes.
GQ a eu accès aux confessions de l’assassin aux experts psychiatres, et dresse le portrait glaçant d’un sociopathe hors normes.
[...] De toutes ses liaisons éclectiques et relations diverses, c’est sûrement celle avec son berger
Tyron qui a été la plus intense, la plus fusionnelle.
Car
Nordahl se sentait «
amoureux » de
Tyron au point de dormir avec pendant quinze ans (mais sans coucher avec, a-t-il précisé), selon une de ses nombreuses confessions à trois psychiatres dont
GQ a consulté le rapport.
Ce
Malinois,
Nordahl l’a eu tout petit, à deux mois, et il s’en est occupé comme d’un bébé.
[...] Si les deux fils
Lelandais portent des prénoms scandinaves, c’est en raison des attaches normandes de leur père dont les recherches historiques, selon
Nordahl (synonyme de «
la vallée du nord »), l’inscriraient dans une lignée grandiose :
«
On est descendants des Vikings !
Mon père est descendu loin, loin, loin, peut-être en 1400 !
On sait qu’on fait partie de la famille de Guillaume le Conquérant et Richard de Lion à ce qui paraît ! »
[...] Blagueur et coureur de jupons, le beau gosse musclé d’
1,83 mètre qui a découvert la sexualité à
12 ans avec un garçon et couché avec une fille à
16, multiplie les plans cul, fume quatre joints de cannabis par jour et deale dans les soirées.
Une nuit d’ivresse de
2008, avec des potes, il cambriole le snack qui l’emploie au black comme serveur pour dérober des bouteilles d’alcool.
[...] Ses compagnes décrivent toutes un «
Nono » ayant de gros besoins sexuels mais très classique au lit.
Toutefois, ses amies ignorent que leur mec diffuse à leur insu sur les réseaux sociaux les vidéos de leurs ébats, des sextapes, sous le pseudo de
Tyron 973, le numéro du département de la
Guyane.
[...] En
2016, de plus en plus porté sur le shit, l’alcool, les sites pornos et de rencontres pour gays, «
attiré » par des hommes «
pour recevoir des caresses »,
Nordahl se laisse séduire par un travesti.
Lors d’un rendez-vous à côté du lac d’
Aiguebelette, cet amant allemand enfile une combinaison en latex et lui demande de se déguiser en militaire français, ce qu’il fait, pour une fellation inachevée, selon les dires de
Nordahl.
[...] Devant les psys,
Lelandais met son mal-être grandissant et ses troubles du comportement sur le compte des femmes qu’il juge manipulatrices –
«
Je me suis fait un peu trop avoir avec les sentiments » – et sur ce désir de paternité qui a été tué dans l’œuf :
«
Je pourrais avoir un bébé, c’est très dur de vivre sans ».
Après l’
IVG, il sniffe de plus en plus de rails de coke, boit toujours et prend du shit :
«
J’étais no limit !
Un litre de rhum et un gramme de cocaïne par jour.
J’étais plus moi du tout. »
[...]
L’été meurtrierL’année noire et sanglante de ses
34 ans commence.
À la mi-mars,
Nono, cousin éloigné de
Charlotte,
14 ans, assiste à l’enterrement du père de l’adolescente dans l’
Est de la
France.
Il l’accompagne fumer une cigarette et, selon le témoignage de
Charlotte à
BFMTV, sous prétexte de la consoler,
Nordahl en profite pour la tripoter :
«
Il me prend alors dans ses bras, je sens ses mains descendre dans mon dos puis se mettre sur mes fesses avec insistance.
Je le repousse et il me dit :
“Si tu dis quelque chose, je te tue.” »
Charlotte se taira pendant deux ans, et répondra même à ses messages, effrayée par son agresseur :
«
Son visage faisait peur avec un regard noir. »
[...]
Nordahl Lelandais assouvit ses penchants pour les gamines en regardant des sites pédopornographiques et en filmant le sexe d’une petite-cousine de
4 ans en vacances chez ses parents à lui, à
Domessin, début juillet, puis celui d’une autre petite-cousine de
6 ans, elle aussi hébergée sous son toit.
Ces vidéos, restées dans son
iPhone, montrent dans les deux cas l’insoupçonnable «
tonton Nono » se livrer à des attouchements la nuit sur les fillettes endormies, tout en les filmant.
Lelandais jurera ses grands dieux ne pas s’être masturbé en revisionnant ces images, avant d’admettre
«
[qu’il] ne faisait pas vraiment la différence entre une femme et une enfant ».
[...] Les trois psychiatres qui ont examiné
Nordahl Lelandais, retrouvent cette capacité de dissimulation des preuves à travers ses paroles évasives et floues, construisant «
un discours appris et répété » pour maquiller ses crimes en morts accidentelles, atténuer ses délits sexuels sur les enfants, et rejeter la faute sur les excès d’alcool et de cocaïne.
«
Ses propos sont sujets à caution, soulignent les experts, et on ne peut exclure qu’il présente un trouble de la personnalité antisociale et un trouble paraphilique (*) de type pédophile, beaucoup plus caractérisés et anciens qu’il ne le prétend ».
Les psychiatres détectent «
une personnalité clivée de type pervers », «
avec une partie fonctionnant de façon à peu près adéquate à la réalité », et «
une partie fonctionnant en dépit des interdits, avec des possibilités de passage à l’acte hétéro-agressif ».
Toutefois, les médecins ne lui trouvent pas de maladie mentale hallucinatoire ayant pu «
abolir son discernement ou le contrôle de ses actes » et le considèrent donc admissible à un procès d’assises.
(
*) Les paraphilies sont des fantasmes ou des comportements sexuels fréquents et intenses portant sur des objets inanimés, des enfants ou des adultes non consentants.