Sujet: Cohabitations Astrologiques Lun 6 Mai 2019 - 10:56
Alfred de Musset :
"Ma prétention était de passer pour blasé, en même temps que j’étais plein de désirs et que mon imagination exaltée m’emportait hors de toutes limites."
"Ainsi je tourmentais mon esprit pour lui donner le change, et je tombais dans tous les travers pour sortir de moi-même. Mais tandis que ma vanité s’occupait ainsi, mon cœur souffrait, en sorte qu’il y avait presque constamment en moi un homme qui riait et un autre qui pleurait. C’était comme un contrecoup perpétuel de ma tête à mon cœur. Mes propres railleries me faisaient quelquefois une peine extrême, et mes chagrins les plus profonds me donnaient envie d’éclater de rire."
"Un homme se vantait un jour d’être inaccessible aux craintes superstitieuses et de n’avoir peur de rien ; ses amis mirent dans son lit un squelette humain, puis se postèrent dans une chambre voisine pour guetter lorsqu’il rentrerait. Ils n’entendirent aucun bruit ; mais lorsqu’ils entrèrent dans sa chambre le lendemain matin, ils le trouvèrent dressé sur son séant et jouant avec les ossements : il avait perdu la raison. Il y avait en moi quelque chose de semblable à cet homme, si ce n’est que mes osselets favoris étaient ceux d’un squelette bien-aimé : c’étaient les débris de mon amour, tout ce qui restait du passé."
"Il y a en moi Coelio et Octave. Octave est un viveur, Coelio est un amoureux transi. Je ne montre en moi qu'Octave ; les tromperies des femmes m’ont rendu méchant et cynique. Mais je ne rêve que d’être Coelio ; c'est ma vraie nature."
Louise Rosalie Allan-Despreaux a écrit:
Que vous dirai-je encore? Son passé désordonné laisse des traces indélébiles. Avec un caractère ombrageux, la méfiance et le soupçon ne se présentent qu'au milieu d'un cortège de ressouvenirs très amers a entendre et qui, à tout prendre, sont ceux d'un ex libertin. Je ne les supporte pas, et alors querelles, pardons et réconciliations.
Voilà! je n'ai jamais vu de contrastes plus frappants que les deux êtres enfermés dans ce seul individu. L'un, bon, doux, tendre, enthousiaste, plein d'esprit, de bon sens, naïf (chose étonnante), naïf comme un enfant, bonhomme, simple, sans prétention, modeste, sensible, exalté, pleurant d'un rien venu du cœur, artiste exquis en tous genres, sentant et exprimant tout ce qui est beau dans le plus beau langage, musique, peinture, littérature, théâtre.
Retournez la page et prenez le contre-pied, vous avez affaire à un homme possédé d'une sorte de démon, faible, violent, orgueilleux, despotique, fou, dur, petit, méfiant jusqu'à l'insulte, aveuglément entêté, personnel et égoïste autant que possible, blasphémant tout, et s'exaltant autant dans le mal que dans le bien. Lorsqu'une fois il a enfourché ce cheval du diable, il faut qu'il aille jusqu'à ce qu'il se rompe le cou. L'excès, voilà sa nature, soit en beau, soit en laid. Dans ce dernier cas, cela ne se termine jamais que par une maladie, qui a le privilège de le rendre à la raison, et de lui faire sentir ses torts. Je ne sais comment il a pu y résister jusqu'ici et comment il n'est pas mort cent mille fois.
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Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Lun 6 Mai 2019 - 11:38
vraiment intéressant, merci Hagakure....
Une lune en gémeaux en maison IV, pourrait "démontrer" les deux faces de l'être profond, à la racine ? Puis ce neptune/sagittaire à la pointe du MC pourrait donner un peu de difficulté à "voir" d'une manière claire la personne ? ....un pluton/poissons (dont le maitre est au MC) intercepté dans la I ? .... N'avons-nous, tous, un côté Mister Hyde and Docteur Jekyll en nous ? .... notre "cohabitation" ? ....
Hagakure
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Mar 7 Mai 2019 - 11:06
Violette a écrit:
N'avons-nous, tous, un côté Mister Hyde and Docteur Jekyll en nous ? .... notre "cohabitation" ? ....
Tu as peut-être des choses à nous dire, Violette... Je veux dire, du genre de celles de Navane et les peaux qui sèchent dans sa cave ?
Hagakure
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Mar 7 Mai 2019 - 11:06
Johann Wolfgang von Goethe :
Deux âmes habitent, hélas ! en mon sein, l’une veut se séparer de l’autre. L’une dans son grossier désir d’amour se cramponne au monde de tous ses organes, l’autre par la force s’élève au dessus de la poussière vers les séjours de ses nobles aïeux
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Est-ce un seul être vivant, Qui en lui-même se sépare ? Est-ce deux êtres, qui si bien se cherchent Qu’on les croit ne faire qu’un ?
Pour répondre à cette question, Voilà que j’ai trouvé le sens juste, Ne sens tu pas à mes chants, Que je suis, et Un, et double ?
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La dualité soli-lunaire goethéenne : "J'ai de mon père la stature, la gravité, l'esprit de conduite ; ma mère m'a donné la sérénité de son âme et le goût des inventions poétiques."
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Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Mar 7 Mai 2019 - 11:10
nan nan Hagakure, simplement ma lune/gémeaux exprimait une idée qui me passait par la tête ....
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Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Mar 7 Mai 2019 - 12:05
Intéressant le thème de Goethe.....en fonction de ce qu'il écrit ....
La dualité soli-lunaire goethéenne : "J'ai de mon père la stature, la gravité, l'esprit de conduite ; ma mère m'a donné la sérénité de son âme et le goût des inventions poétiques."
Saturne scorpion/maison XII et surtout cette lune/poissons à la pointe du FC ,qui lui donne certainement une vision des racines....double (maison du père)...
"Qu’on les croit ne faire qu’un ?" : nous sommes pourtant une fusion des....deux. Enfin, je ne vendrais pas mon âme au diable .........
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Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Mar 7 Mai 2019 - 19:33
Hagakure a écrit:
Tu as peut-être des choses à nous dire, Violette... Je veux dire, du genre de celles de Navane et les peaux qui sèchent dans sa cave ?
Ah!, Hagakure, quelle merveilleuse synchronicité ! Je t'explique, tu verras comme c'est beau... Pourquoi te lèves-tu ? Comment ça tu n'as pas le temps, tu as plein de choses à faire ?? M'enfin, arrête donc de faire cette tête. On dirait que je t'ai parlé de crever une chouquette au sucre. Comme si c'était le genre de la maison. Non, non, vraiment, tout va bien. Reste assis que je te raconte. Sourire en coin.
Hier soir, alors que je bouclais la collection Accessoires Printemps-Été, j'ai de suite pensé à toi quand mon regard s'est posé sur une de mes créations. Une paire de chaussures de ville confectionnée avec un des plus beaux cuirs que j'ai vu durant toutes mes années d'expérience en la matière.
J'avais rencontré le malheureux propriétaire entre le rayon boucherie/charcuterie et boulangerie/pâtisserie. D'une chose anodine à une autre, on avait eu un échange mortel sur les Fées. Il affirmait mordicus qu'elles n'existaient pas. Tu te rends compte de la gravité de la chose !?? Un échange mortel, hmm... Bouh, tristesse infinie devant un esprit pétri de tant de certitudes.
Puisque notre discussion ne prenait pas fin, je l'avais invité à la poursuivre chez moi autour d'un café et d'une assiette de thymus au chocolat pour lui démontrer que j'en étais une. Bah oui, de Fée.
Il va de soi que j'ai gardé secrète la composition de cette petite recette croustifondante à souhait renforçant le système immunitaire. De toute façon, le malheureux a finalement trouvé le chemin de mon accueillante cave et il n'en est jamais ressorti. Il avait osé comparer mes ailes à celles d'une mouche. Et ce, la bouche pleine de mignardises. Un vrai crado par dessus le marché. Aucun respect pour ce mets délicat, aucune élégance. Brrr, horreur, horreur. Ouverture d'esprit à la jonction os pariétal/os occipital et un p'tit coup de scalpel magique par-ci par-là plus tard, et hop, hop, hop, j'en ai fait des mocassins abracadantesques. Entre autres. Rictus. Tu imagines bien, rien ne se perd tout-ça-tout-ça... Fabrication artisanale dans le respect des valeurs de la Maison, t'inquiète. C'est pas de la daube ici.
Donc, hier soir, je me suis dit que ces chaussures seraient parfaites pour toi. Et comme j'aime faire plaisir, je leur ai ajoutées une ingénieuse semelle spéciale confort "orteils malmenés par mamie". Je te les offrirai pour ton anniversaire. Tu verras, du plus bel effet. Un peu de patience, Hagakure. Patience.
Si malgré tout et par je ne sais quel affreeeuuux hasard ce cadeau te moyen-boffait – ce qui serait surprenant car le modèle est simple et élégant, donc parfait pour toi – … Et bien, et bien, j'ai pensé à une paire de chaussures de foot qui pourrait tout à fait convenir. En cuir de 1ère qualité, comme d'hab', hein, et crampons en dents de sagesse du penseur Zlatan et de Dédé Deschamp (chaaampignooon du monde!). Ouais, je suis la copine de leur dentiste.
Haaa, je sais ton bonheur... Surtout, mais alors surtout, ne me remercie pas
*Pardon, je suis pliée de rire... Je vais prendre l'air 5min*
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Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Mar 7 Mai 2019 - 21:10
Ah cette sacrée Navane, dont les textes - étranges, fantastiques - réussissent à me redonner le sourire en une seule phrase. Elle est très forte.
J'avais aussi lié la Lune en Gémeaux à la dualité (caractère) - comme Violette -.
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Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Mer 8 Mai 2019 - 11:16
Ahem, ne le dis pas trop fort, Danaé... On pourrait croire que tu occupes tes dimanches d'une drôle de façon
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Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Mer 8 Mai 2019 - 11:45
Je ne m'occupe que d'une seule peau quand vient dimanche, la mienne. Elle en a besoin car, cette année sont arrivées mes premières rides de .
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Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Mer 8 Mai 2019 - 18:46
Lors d'un de mes fameux dimanches soirs, j'ai pensé à mettre au point des produits cosmétiques nouvelle dégénération mais je trouve tellement jolies les rides d'expression que je suis finalement revenue sur mon idée.***
Chouchoute-toi, tu as bien raison. C'est important
*** Sache que j'ai perçu ton soupir de soulagement jusqu'ici
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Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Mer 8 Mai 2019 - 19:10
Maldoror
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Jeu 9 Mai 2019 - 2:37
Navane
La catharsis
***
Depuis des années, cet homme avait pris l’habitude de dilapider son pécule mensuel en misant sur des chevaux lors de courses qui ne lui rapportaient jamais que fifre.
Un jour, à la veille d’être ruiné définitivement, le franc finit par tomber. Il cessa de se rendre à l’hippodrome pour lui préférer, en ultime recours, le Casino. Très rapidement, servi par une intuition aussi judicieuse que par une chance insolente, il amassa une fortune considérable. Si bien qu’il décida, pour se guérir en profondeur du vice premier qui avait failli l’enterrer, de faire face une dernière fois à sa douleur ancienne. Sans tarder il ouvrit un commerce de boucherie chevaline.
Alcantor repensait à cet article de journal local relatant ce qui précède. Puis, dubitatif, il examina la barquette de lasagne Vindjus.
La réaction
***
Non, non et non ! Alcantor ne s’en laisserait pas compter.
Comme décidément il n’y avait plus rien à tirer de cette Europe de marchands prévaricateurs et insanes adoubés par des institutions corrompues, il décida lui aussi de s’ouvrir au marché. Il ferait jouer la concurrence. Et donc dès à présent venir ses lasagnes du Canada. Il n’avait pas grand chose à perdre vu qu’ici tout était foutu. Du bourrin dans les lasagnes, non mais où allait-on...
De toute façon. Il eût vraiment fallu naître sous une saloperie d’étoile pour trouver dans les barquettes de lasagnes canadiennes du porc en place de saumon et du dindon haché menu se substituant à du canard affiché en toutes lettres. Comme disait Einstein, Dieu ne jouait pas aux dés. Les probabilités étaient minces voire infimes. Il prenait le risque.
Il importa donc ses lasagnes du canada. De Montréal plus exactement. Le rapport qualité-prix ne se discutait pas. Il trouvait la viande non seulement tendre, savoureuse mais aussi nettement plus abondante que celle à base de vieille carne roumaine dont devait malheureusement se contenter les consommateurs d’une Europe totalement déboussolée.
Alcantor, extatique presque, m’a longuement parlé de cette fameuse marque qui faisait flores un peu partout au Canada. Et le phénomène gagnait à présent l’Amérique toute entière.
On parlait d’un jeune homme d’une bonne vingtaine d’années, issu du mannequinat mais également gradué en marketing qui s’était lancé avec un succès incroyable dans l’import-export. Un bel exemple pour les jeunes de start up réussie. On le disait, en quelques années à peine, déjà à la tête d’une fortune considérable. Et effectivement aujourd’hui la plupart des gens qui s’intéressent à la production macrobiotique de qualité connaissent la L.M Corporation. La traçabilité. Et c’est tout ! Ou alors on n’en sortira pas. Et les canadiens semblent l’avoir bien compris, eux ! La pauvre Europe !
- L.M Corporation ? lui demandai-je dubitatif.
- Et bien la Luka Magnotta Corporation, tiens ! me répondit-il, presque comme s’il s’adressait à un demeuré.
Ce n’est évidemment que plus tard, à son grand désespoir, qu’il appris par voie de presse qui était L.M, ce jeune homme singulier.
Et surtout d’où provenait la viande qu’il trouvait tellement savoureuse, tapie entre le délicieux moelleux de deux couches de pâte croquante nappées de sauce bolognaise.
Invité
Invité
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Jeu 9 Mai 2019 - 12:03
Maldoror, serais-tu en train de te demander s'il y a je-ne-sais quel lien entre ces barjes d'une vulgarité inouïe et moi ? Pincement au cœur. Larmichette qui perle au coin de l'œil. Âme en vrac.
Il me faut absolument préciser que la L.M Corporation n'a jamais bénéficié et ne bénéficiera jamais de mes talents pour des raisons évidentes. Immonde personnage que le dirigeant de cette firme qui nous inonde de leur infâme tambouille de fous furieux vicieux.
C'est pas MacDo chez moi et encore moins une vague de dégueulis de chacal industriel vendu à grand renfort d'images pornfood. Je cuisine, camarade ! Avec maestria. Je respecte le produit. Je le bichonne. Élégance oblige, j'ai toujours refusé de sombrer du côté obscur de la farce. J'ai des valeurs. Oui, monsieur.
Je reste sur une production hyperlocale et hyyyyperqualitative que je réserve à l'insu de quelques rares privilégiés.
Voili, voilou, je crois que c'est bon là... Je dois arrêter, c'est l'heure de prendre mes médocs
Maldoror
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Jeu 9 Mai 2019 - 13:11
A force d'être devenu cannibale, à l'insu de mon plein gré, je pense en avoir perdu mon sens de l'humour (effets de l'aluminium aussi sans doute)
maja
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Jeu 9 Mai 2019 - 16:23
Maldoror a écrit:
A force d'être devenu cannibale, à l'insu de mon plein gré, je pense en avoir perdu mon sens de l'humour (effets de l'aluminium aussi sans doute)
Ou du (de) ... viens ici qu'on te remette du plomb ! (cervelle, ou ailleurs, à toi de choisir )
Maldoror
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Jeu 9 Mai 2019 - 16:49
Du sens de l'humour, j'en ai à revendre mais l'essence interdite m'attire plus... pour la saine immolation
maja
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Jeu 9 Mai 2019 - 18:48
Bon. Tu l'auras voulu ! (Jeanne d'Arc sors de ce corps !)
Maldoror
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Jeu 9 Mai 2019 - 23:25
J'aime mieux ça:
Hagakure
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Sam 11 Mai 2019 - 16:17
Ah, oui, donc, l'idée du fil portait sur des 'études de cas', et voilà qu'on se retrouve finalement avec de nouveaux 'cas d'études'.
Oh, un grand, grand merci, Navane... il est tellement rare de trouver une telle qualité de savoir-faire. C'est simple, quand je les porte, j'ai la sensation d'une vraie seconde peau.
Hagakure
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Sam 11 Mai 2019 - 16:41
Alfred de Vigny :
"Le Quaker : En toi, la rêverie continuelle a tué l'action.
Chatterton : Eh! qu'importe, si une heure de cette rêverie produit plus d’œuvres que vingt jours de l'action des autres! Qui peut juge entre eux et moi ? N'y a-t-il pour l'homme que le travail du corps? et le labeur de la tête n'est-il pas digne de quelque pitié ?"
"J'étais doué de sensibilité féminine. Jusqu'à quinze ans, je pleurais pour une sympathie, pour une froideur de ma mère, un chagrin d'un ami.
[...]
Une sensibilité extrême, refoulée dès l'enfance par les maîtres, et à l'armée par les officiers supérieurs, demeure enfermée dans le coin le plus secret de mon cœur."
"Les maîtres mêmes ne cessaient de nous lire les bulletins de la Grande Armée, et nos cris de Vive l’empereur interrompaient Tacite et Platon. Nos précepteurs ressemblaient à des hérauts d’armes, nos salles d’études à des casernes, nos récréations à des manœuvres et nos examens à des revues…
Il me prit alors plus que jamais un amour vraiment désordonné de la gloire des armes; passion d’autant plus malheureuse que c’était le temps précisément où, comme je l’ai dit, la France commençait à s’en guérir. Mais l’orage grondait encore, et ni mes études sévères, rudes, forcées et trop précoces, ni le bruit du grand monde, où, pour me distraire de ce penchant, on m’avait jeté tout adolescent, ne me purent ôter cette idée fixe.
Bien souvent j’ai souri de pitié sur moi-même en voyant avec quelle force une idée s’empare de nous, comme elle nous fait sa dupe, et combien il faut de temps pour l’user. La satiété même ne parvint qu’à me faire désobéir à celle-ci, non à la détruire en moi, et ce livre aussi me prouve que je prends plaisir encore à la caresser et que je ne serais pas éloigné d’une rechute. Tant les impressions d’enfance sont profondes, et tant s’était bien gravée sur nos cœurs la marque brûlante de l’Aigle Romaine !"
"Ce n’était qu’élan brusque et qu’ambitions folles, Qu’entreprise avortée et grandeur en paroles. D’abord, à son départ, orgueil démesuré, Gigantesque écriteau sur un front assuré, Promené dans Paris d’une façon hautaine : Bonaparte et Byron, poète et capitaine"
"Ce ne fut que très tard que je m’aperçus que mes services n’étaient qu’une longue méprise, et que j’avais porté dans une vie tout active une nature toute contemplative."
Invité
Invité
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Sam 11 Mai 2019 - 16:54
"Tant les impressions d’enfance sont profondes, et tant s’était bien gravée sur nos cœurs la marque brûlante de l’Aigle Romaine !" "
"J'étais doué de sensibilité féminine. Jusqu'à quinze ans, je pleurais pour une sympathie, pour une froideur de ma mère, un chagrin d'un ami."
"Une sensibilité extrême, refoulée dès l'enfance par les maîtres, et à l'armée par les officiers supérieurs, demeure enfermée dans le coin le plus secret de mon cœur."
un tel stellium dans la IV/poissons ! : pluton à la pointe, suivi de mercure, vénus, jupiter et lune ! dont le maitre neptune est en maison XII ! ...lorsque saturne se situe sur le noeud nord/gémeaux (période militaire)......face au noeud sud fin sagittaire : la littérature qu'il a laissée avec la richesse de sa IV..... .
Maldoror
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Dim 12 Mai 2019 - 2:04
Grand styliste.
cheliel
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Dim 12 Mai 2019 - 10:38
Merci Hagakure pour l’ouverture de ce sujet.
Enfin, c’est toujours plus compréhensible sur le papier, cette cohabitation intime des plusieurs en un. Si cela peut participer au processus créatif, entrainer une capacité à voyager dans des sphères poético-dramatiques, c’est aussi quelque chose de très difficile à assumer au quotidien. Complexe de ne pas se cacher derrière des subterfuges et autres mensonges à soi-même pour tenter de rentrer dans les schémas normatifs, sur lesquels sont basées la tolérance communautaire et l’acceptation.
Entre l’eau et le feu, entre la glace et l’ardent, ce sont seulement les nuages qui naissent et s’épandent, pour plonger dans le brouillard ambiant l’âme esseulée. Se diviser en tant d’autres afin de défier la solitude et croire en ces mirifiques flous, où les multitudes s’entrelacent de paradoxes en plénitudes offertes au néant. Que reste-t-il de ces attitudes pluvieuses s’égrainant en inconsistants émois ? Girouette de l’aberrant, sans destinations à pointer si ce n’est la seule absurdité du cœur, battant ses dilemmes comme autant d’irrationnels à oublier.
Hagakure
Sujet: Re: Cohabitations Astrologiques Dim 12 Mai 2019 - 12:53
Luigi Pirandello :
"Il y a en moi comme deux personnes : toi tu en connais déjà une ; l’autre, moi-même j’ai du mal à la connaître. J’aime à dire que je suis fait d’un grand moi et d’un petit moi : ces messieurs sont presque toujours en guerre l’un contre l’autre ; le plus souvent l’un est profondément antipathique à l’autre. Le premier est taciturne et continuellement plongé dans ses pensées, le second parle volontiers, plaisante, est toujours prêt à rire et à faire rire [...]. Je suis perpétuellement partagé entre ces deux personnes. Tantôt c’est l’une qui commande et tantôt l’autre. Moi je suis naturellement beaucoup plus attaché à la première, je veux dire à mon grand moi; je m’adapte à la deuxième et je la prends en patience, au fond c’est un être comme les autres, avec les défauts et les qualités de tout le monde."
"Dis-moi qui tu préfères ; je puis être comme tu me veux, je serai celui que tu voudras que je sois."
"La pensée que je n'étais pas pour autrui tel que je me l'étais figuré jusqu'alors, me devint une vraie obsession."
"Est-ce que vous croyez possible de vivre devant un miroir qui, de plus, non content de nous glacer par l'image de notre propre expression, nous la restitue comme une caricature méconnaissable de nous-mêmes ?"
"La réalité, il n'y en a qu'une alors que la vérité sur un même fait il peut y en avoir plusieurs. La vérité peut se calquer sur la réalité si l'on considère l'essence de la chose."
"Nos yeux doutent d'eux-mêmes, tant que les autres ne nous ont pas aidés à établir en nous la réalité de ce que nous voyons. Notre conscience d’égaré : car cette conscience, que nous croyons être notre bien le plus intime, n'est que la présence des autres en nous. Nous ne pouvons nous sentir seuls."
"Et les autres ? Les autres ne sont pas en moi. Pour eux, qui regardent du dehors, mes idées et mes sentiments sont pourvus d'un nez, mon nez. Et ils ont une paire d'yeux, que je ne vois pas, et qu'ils voient. Quel rapport existe-t-il entre mes idées et mon nez ? Pour moi, je ne pense pas avec le nez, et je ne prends pas garde à mon nez quand je pense. Mais les autres, qui ne peuvent voir mes idées en moi, et qui du dehors, voient mon nez ? Pour les autres, la relation entre mes idées et mon nez est si intime, que si celles-là, par exemple étaient sérieuses, mais que celui-ci fut de forme comique, ils éclateraient de rire."
"Il n’est pas d’existence dans l’abstrait. Il faut que l’être se prenne au piège d’une forme, et, pour un temps, s’en accommode, ici ou là, de telle ou telle façon. Toute chose, aussi longtemps qu’elle dure, est forcée de subir sa forme, la condamnation, la contrainte d’être ainsi, et de ne pouvoir se modifier."
"La solitude vous épouvante. Et alors, que faites-vous ? Vous imaginez beaucoup de têtes. Toutes pareilles à la vôtre. Beaucoup de têtes qui sont aussi la vôtre, et qui sur un signe donné, mues par vous comme au moyen d’un fil invisible, vous disent oui et non, non et oui, à votre gré. Et ceci vous procure du réconfort et de l’assurance."
"La conscience ? Mais la conscience ne sert à rien cher monsieur ! La conscience, comme guide, ne peut suffire. Elle suffirait peut-être si nous pouvions réussir à nous concevoir isolément, et qu'elle ne fût pas de sa nature ouverte aux autres. Dans la conscience, selon moi, en somme, existe une relation essentielle.... certainement essentielle, entre moi qui pense et les autres êtres que je pense ; donc ce n'est pas un absolu qui se suffise à lui-même. Est-ce que je m'explique bien ? Quand les sentiments, les inclinations, les goûts de ces autres que je pense ou que vous pensez ne se réfléchissent pas en moi ou en vous, nous ne pouvons être ni satisfaits, ni tranquilles, ni joyeux ; c'est si vrai, que nous luttons tous pour que nos sentiments, nos pensées, nos inclinations se reflètent dans la conscience des autres. A quoi conscience vous suffit-elle ? Vous suffit-elle pour vivre seul ? pour vous stériliser dans l'ombre ?"
"[...] non seulement j’étais détaché de moi-même et de toute chose qui était mienne, mais j’éprouvais l’horreur de rester quelqu’un, qui que ce soit, en possession de quoi que ce soit."
"[...] dans la conscience que j’ai que chacun de nous, [...] s’imagine 'être un seul', alors que ce n’est pas vrai : il est 'plusieurs', Monsieur, 'plusieurs', selon toutes les possibilités d’être qui sont en nous : 'un seul' avec celui-ci, 'un seul' avec un autre – mais tous très différents ! Et avec l’illusion, pendant ce temps-là, d’être toujours 'un seul pour tout le monde', et toujours ce 'un seul' que nous croyons être en chacun de nos actes. C’est faux! C’est faux! Nous nous en apercevons bien lorsque, dans l’un de nos actes, par un hasard catastrophique, nous demeurons soudain comme accrochés et suspendus : nous nous apercevons, veux-je dire, que nous ne sommes pas tout entiers dans cet acte, et que ce serait donc une atroce injustice que de nous juger d’après ce seul acte et de nous maintenir accrochés et suspendus au pilori, pour toute une existence entière, comme si celle-ci se condensait tout entière dans cet acte!"
"Après avoir dû démêler qui j’étais ou me figurais être, pour telle ou telle de mes connaissances, il me fallait démontrer que la réalité, forcément mesquine, éphémère, changeante et presque inconsistante qu’on m’accordait était en contradiction avec ma véritable personnalité."
"Manifestement, il était 'deux' : l’un pour lui, un autre pour elle. Et cet autre qu’elle voyait en lui, triste fantôme lui arrachant au vol chaque regard, chaque sourire, chaque geste, jusqu’au son de sa voix et jusqu’au sens de ses paroles, en somme tout ce qui était lui, et le transformant, le falsifiant à ses yeux à elle ; cet autre prenait vie et lui seul vivait pour elle pendant que son 'lui' à lui n’existait plus : il n’existait plus si ce n’est dans ce supplice indigne et inhumain de se voir vivre dans ce fantôme et uniquement en lui ; et c’est en vain qu’il tentait de le détruire : elle ne le croyait plus, elle ne voyait plus en lui que 'l’autre' et le prenait à juste titre, lui, comme cible de sa haine et de son mépris.'
'Je me transformerai avec un soin amoureux et patient, si bien qu'à la fin, je pourrai non seulement dire que j'ai vécu deux vies, mais que j'ai été deux hommes.'
Adriano Tilgher a écrit:
Toute la philosophie explicite de Pirandello tourne autour du dualisme fondamental de Vie et de Forme : la Vie perpétuellement mobile et fluide, qui se moule et ne peut pas ne pas se mouler dans une forme, tout en répugnant profondément à n’importe quelle forme; et la Forme qui, en déterminant la Vie et en lui donnant des limites rigides et précises, glace et étouffe son inlassable frémissement.
Bernard Crémieux a écrit:
La fatalité qui, chez Pirandello, déclenche la tragédie est une fatalité intérieure. Elle éclate dans l’âme, elle est un miroir où l’homme est contraint de se regarder et de se reconnaître autre qu’il ne se voudrait. Elle se confond avec la vie qui chasse l’homme de la forme où il croyait pouvoir vivre. Et la tragédie s’affirme encore dans la lutte entre l’homme qui se veut permanent et la vie éternellement changeante. L’originalité de la tragédie pirandellienne, c’est d’avoir remplacé l’action de la fatalité par le sentiment de la fatalité.