Fernando Pessoa :
"La solitude me désespère ; la compagnie des autres me pèse." "La vie est essentiellement un état mental."
"Vivre une vie cultivée et sans passion, suffisamment lente pour être toujours au bord de l'ennui, suffisamment méditée pour n'y tomber jamais."
"Ce qui est maladif, c'est de désirer avec la même intensité le nécessaire et le désirable, et de souffrir de son manque de perfection comme on souffrirait du manque de pain. Le mal romantique, le voilà : c'est vouloir la lune tout comme s'il existait un moyen de l'obtenir."
"La fausse (vie), celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres, qui est la pratique, l'utile, celle où l'on finit par nous mettre au cercueil."
"La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas."
"La littérature est encore la manière la plus agréable d'ignorer la vie."
"La distinction réelle se fait entre adaptés et inadaptés : le reste est littérature."
"Comme tous les êtres doués d'une grande mobilité mentale, j'éprouve un amour organique et fatal pour la fixité. Je déteste les nouvelles habitudes et les endroits inconnus."
"Ne vous étonnez pas que je parle ainsi. Je suis naturellement poète parce que je suis la vérité qui parle par erreur, et toute ma vie, finalement, est un système spécial de morale déguisé en allégorie et illustré par des symboles"
"Accroître sa personnalité sans rien y inclure d’étranger – sans rien demander aux autres, sans jamais commander aux autres, mais en étant les autres quand on en a besoin."
"Réduire nos besoin au minimum, pour ne dépendre en rien des autres."
"Avoir besoin de dominer les autres, c’est avoir besoin des autres. Le chef est donc dépendant."
"Ne se soumettre à rien – ni homme, ni amour, ni idée ; garder cette indépendance distante consistant à ne croire ni à la vérité ni, à supposer qu’elle existe, à l’avantage de la connaître – tel est l’état dans lequel, me semble-t-il, doit s’écouler, pour elle-même, la vie intérieure et intellectuelle des hommes qui ne peuvent vivre sans penser."
"Rien ne me satisfait, rien ne me réconforte, et je suis saturé de tout – que cela ait existé ou non."
"Je ressens le temps avec une immense douleur. Quitter quelque chose me cause toujours un choc disproportionné."
"Mais les autres, qu’ont-ils de commun avec le monde que je porte en moi ?"
"Je gis la vie. Rien de moi n’interrompt absolument rien."
"Je n’ai jamais appris à exister."
"Je suis saturé de tout, et du tout de tout."
"J’ai toujours évité, avec horreur, d’être compris. Être compris c’est se prostituer."
"Je ne suis pas pessimiste, je suis triste."
"Vivre, c’est faire du crochet avec les intentions des autres."
"Dans mon cœur règne une paix angoissée, et toute ma quiétude n’est faite que de résignation."
"J’appartiens néanmoins à cette espèce d’hommes qui restent toujours en marge du milieu auquel ils appartiennent, et qui ne voient pas seulement la multitude dont ils font partie, mais également les grands espaces qui existent à côté."
"Qui donc me sauvera d’exister ? Je gis ma vie."
"En fin de compte, qui suis-je, lorsque je ne joue pas ? Un pauvre orphelin abandonné dans les rues des Sensations, grelottant de froid aux coins venteux de la Réalité, obligé de dormir sur les marches de la Tristesse et de mendier le pain de l'Imaginaire. [...] Mais le vent traîne dans les rues, les feuilles tombent sur le trottoir... Je lève les yeux et je vois les étoiles, qui n'ont aucun sens... Et au milieu de tout cela il ne reste que moi, pauvre enfant abandonné, dont aucun Amour n'a voulu pour fils adoptif, ni aucune Amitié pour compagnon de jeu. Et je contemple avec dégoût, à travers les grilles qui masquent les fenêtres de l'arrière-boutique, les ordures de tout un chacun qui s'entassent, sous la pluie, dans cette cour minable qu'est ma vie."
"Tout me fatigue, et même ce qui ne me fatigue pas. Être joyeux, pour moi, est aussi douloureux que la douleur."
"Entre la vie et moi, une vitre mince. J'ai beau voir et comprendre la vie très clairement, je ne peux la toucher."
"Ma vie entière se passe comme si on m'en rouait de coups."
"La longue rue, animée d'animaux humains, est une sorte d'enseigne couchée à l'horizontale, où les lettres seraient mobiles et n'auraient aucun sens."
"Le dégoût insupportable de tous ces visages, rendus stupides par l’intelligence comme par l’absence d’intelligence, et grotesques, à donner la nausée, à force d’être heureux ou malheureux, horribles simplement parce qu’ils existent — cette marée à part de choses vivantes, auxquelles je demeure étranger…"
"Extérioriser nos émotions, c’est bien plus nous convaincre que nous les éprouvons que les éprouver réellement."
"Nous sommes ceux que nous ne sommes pas, la vie est brève et triste."
"L’intensité des sensations a toujours été plus faible, chez moi, que l’intensité de la conscience que j’en avais. J’ai toujours souffert davantage de ma conscience de la douleur que de la souffrance même dont j’avais conscience."
"Bienheureux, ceux qui ne confient leur vie à personne."
"Tout rapprochement est un conflit. L'Autre est toujours un obstacle pour celui qui cherche."
"Ma vie tout entière se résume à une bataille perdue sur une carte."
"A l’heure actuelle, le monde appartient aux imbéciles, aux agités et aux sans-cœur. On s’assure aujourd’hui le droit de vivre et de réussir par les mêmes moyens pratiquement, que ceux qui vous assurent le droit d’être interné dans un asile : l’incapacité de penser, l’amoralité et la surexcitation."
"J'ai mis toute mon âme pour faire ce livre, mais ce n'est pas à lui que je pensais alors : je pensais seulement à moi, qui ne suis que tristesse, et à toi, qui n'est personne."