Samuel Pisar est mort à 86 ans lundi :
Samuel Pisar était né à Bialystok, en Pologne l'année de la grande crise en 1929 un 18 mars. Il était né à Bialystok qui est aussi la ville de naissance de Ludwig Zamenhof, l'inventeur de l'esperanto ( né un quatorze décembre, comme moi )une ville où se contoyaient durement les communautés et où quatres langues les séparaient irréductiblement, le russe, le polonais, l'allemand, et le yiddish d'où cette vocation d'une langue internationale.
Deux images peuvent résumer la vie de Samuel Pisar, très bien décrites dans l'un de ses livres " le sang de l'espoir ". Quand les rouges ( les soviétiques ) sont arrivés à Bialystok, son père eut de la chance. Le nez dans le moteur d'une automobile, les mains pleine de graisse, les soviétiques jugèrent que c'était un prolétaire et sa famille eut la vie sauve.
Quand les allemands arrivèrent, ce fût très rapidement les camps et Samuel Pisar est le seul rescapé des affres de la survie dans les bagnes nazi. Liberé ( au cours d'une des marches de la mort, par un noir américain ), il devint un voyou vengeur et des branches françaises de sa famille le retrouvèrent à l'état de voyou, dans les ruines allemandes de l'après-guerre.
Comme son oncle n'avait rien pu en tirer, il vit arriver un jour sa tante qui, devant son refus de bouger, s'installa en toute simplicité chez lui, animée par une volonté farouche de ne pas se laisser faire par le destin.
La suite ce fut Paris, très brièvement, puis l'Australie où il avait aussi de la famille et enfin, les Etas-unis où il fit Harward. Il fut ni plus ni moins qu'un des proches conseillers de John Fitzgerald Kennedy ( on est entre 10 et 15 ans après l'holocauste, pour vous dire le ressort de l'individu ).
Une anecdote à Harward le cite jouant une partie de ping-pong et en difficulté contre un camarade allemand et relevant ses manches pour tenter d'inverser le sort du match...et quand son camarade allemand vit son tatouage sur son bras, il devint vert et la partie changea très rapidement de tournure !
Jacques Chirac le cite ( et l'a probablement rencontré ) lorsqu'il reconnait la responsabilité de l'Etat français sous le régime de Vichy dans la déportation des juifs français.
Son livre m'avait beaucoup marqué quand je l'avais lu en 1985, tout innocent que j'étais !