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 L'exigence du travail poétique

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aspirante poétesse

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MessageSujet: L'exigence du travail poétique
L'exigence du travail poétique I_icon_minipost_participateVen 24 Avr 2015 - 19:34

"Il ne faut pas écrire trop tôt de poèmes. On doit plutôt retarder ce moment. Attendre et butiner toute une vie durant, si possible une longue vie durant ; et puis enfin, très tard, peut-être saurait-on écrire les dix lignes qui seraient bonnes. Car les vers ne sont pas, comme certains croient, des sentiments (on les a toujours assez tôt), ce sont des expériences. Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas ( c’était une joie faite pour un autre ), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers."
dans Les Cahiers de Malte Laurids Brigge, Rainer Maria Rilke
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MessageSujet: Re: L'exigence du travail poétique
L'exigence du travail poétique I_icon_minipost_participateSam 25 Avr 2015 - 2:32

La poésie n'est-elle pas aussi dans l'espression des premières fois gauches et pourtant sublimées dans la découverte ? N'est-ce pas l’imperfection qui traduit les mille et une signatures de ceux qui l'ont pensé et repensé, dans les tourments de vies trop courtes pour n'être nourries que de contemplations ? Ne désincarne-t-on pas son essence en souhaitant la faire tendre vers un idéal qui, s'il était atteint, marquerais la fin d'un art où il n'y aurait plus rien à inventer ni découvrir, seulement les règles d'une sensibilité littéraire à appliquer à l'expérience ? Je ne sais pas, je m'intéresse et questionne seulement...
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aspirante poétesse

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MessageSujet: Re: L'exigence du travail poétique
L'exigence du travail poétique I_icon_minipost_participateSam 25 Avr 2015 - 6:02

Chère Maëlle,
je précise que ce qui suit n'a rien d'objectif en ce qui concerne la poésie. C'est le condensé de l'expérience que j'en fait et de mes lectures.
La poésie se trouve en nous (elle n'existe pas en elle-même dans la nature). Elle ne peut exister qu’à l’intérieur d’un sujet et tient les rapports à soi pour l’unique réalité. Le monde n’étant pas la chose naturelle qui nous entoure, mais le sens que nous décidons d’y porter. Le monde est intérieur. Son but, comme tout art, est de nous "donner à voir (Éluard)", à montrer ce que la quotidienneté nous dissimule, montrer la vérité substantielle de l’homme et ce que ne savent pas dire les mots. Tout mot utilisé dans le langage courant est un concept, une abstraction déracinée de sa réalité sensible et particulière. C'est par un autre emploi des mots que la poésie délivre les vocables fondamentaux de la langue. Ce qui pourrait empêcher le langage d'ensevelir l'homme sous des formules qui ne servent plus que la matière, à défaut d'avoir soucis d'autre chose. Plus qu'une simple expérience, je dirais, comme d'autres l'ont dit, que la poésie n'est pas un genre littéraire. La poésie est révélation. Tu parles de l'idéal. Tout poète a soif d'absolu. Montherlant écrivait quelque chose de très beau : "Certaines âmes sont vouées à l'absolu comme l'eau va à la mer." Ça nous révèle qui l'on est, ça révèle ainsi le monde. Je reprends quelques paroles de sainte Thérèse d'avila : "L'amour est dur et inflexible comme l'enfer". La poésie m'a agrandit le cœur. Je ne parlerais pas d'imperfection. Je dirais qu'elle implique une reconversion mythique de la pensée. Une pensée qui ferait le pari de pouvoir comprendre ce qui la dépasse en s'y abandonnant. Une pensée qui comprend qu'il n'y a qu'une seule façon de saisir le monde et d'en supporter l'immensité et c'est en plongeant dans la réalité du cœur. Je poursuis avec quelques citations de poètes :

Dans Cette émotion appelée poésie, Pierre Reverdy
"J’ai souvent envié la promenade horizontale en ligne droite du penseur, du dialecticien, du logicien – elle ne fatigue pas le cœur. Le tourment du poète ce n’est pas de porter en lui ce lourd fardeau qui fait pencher le front de ceux qui ont beaucoup à dire, mais au contraire […] il n’a rien d’autre à exprimer que lui-même. Rien ne l’intéresse au monde que lui-même."

JUARROS, Roberto. Poésie et création, traduction de F. Verhesen, Éditions Unes, Périgueux, 1987, 154 p.
"Définir la poésie est une impossibilité, une utopie. Peut-on définir la mort, la musique, l’amour? Je rêve d’une définition. Peut-être cela fit-il dire à Novalis que la critique de la poésie est une absurdité […] le père Feijóo parlait, à propos de la poésie, d’un je ne sais quoi. Et Pedro Salinas ne faisait guère mieux en déclarant : Tout commentaire d’une poésie se réfère à des éléments périphériques : style, langage, sentiments, aspirations, mais non à la poésie elle-même. La poésie est une aventure vers l’absolu. [...] La poésie moderne refuse l’anecdote, le conte et la fable, le moralisme élémentaire, le décor, le sentimentalisme, la politique. Le pouvoir ne l’intéresse pas. Elle cherche quelque chose de plus profond, de plus essentiel que le pouvoir. Aux origines de la poésie moderne, Baudelaire déclarait : Mon livre est essentiellement inutile. Je désire que cette dédicace de mon livre soit inintelligible, parce que ce que je cherche c’est de me précipiter au fond de l’abîme. Enfer ou ciel, qu’importe? Il faut aller jusqu’au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau."

BAUDELAIRE, Charles. Curiosités esthétiques ; L'art romantique
dans "XVI. Théophile Gauthier"

"Une foule de gens se figurent que le but de la poésie est un enseignement quelconque, qu'elle doit tantôt fortifier la conscience, tantôt perfectionner les moeurs, tantôt enfin démontrer quoi que ce soit d'utile... La Poésie, pour peu qu'on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d'enthousiasme, n'a pas d'autre but qu'Elle-même; elle ne peut pas en avoir d'autre, et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d'écrire un poème [...]
C'est cet admirable, cet immortel instinct du Beau qui nous fait considérer la Terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du Ciel. La soif insatiable de tout ce qui est au delà, et que révèle la vie, est la preuve la plus vivante de notre immortalité. C'est à la fois par la poésie et à travers la poésie, par et à travers la musique, que l'âme entrevoit les splendeurs situées derrière le tombeau; et quand un poème exquis amène les larmes au bord des yeux, ces larmes ne sont pas la preuve d'un excès de jouissance, elles sont bien plutôt le témoignage d'une mélancolie irritée, d'une postulation des nerfs, d'une nature exilée dans l'imparfait et qui voudrait s'emparer immédiatement, sur cette terre même, d'un paradis révélé."

Avec ces extraits, on comprend l'exigence dont parle Rilke, ainsi que la rigide authenticité avec laquelle il a construit son oeuvre.
Merci Maëlle, c'est toujours un plaisir de te lire envole

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MessageSujet: Re: L'exigence du travail poétique
L'exigence du travail poétique I_icon_minipost_participateDim 26 Avr 2015 - 12:05

Merci Aspirante poetesse pour cet exposé très enrichissant. Cela donne envie de se dépouiller d’apriori pour retrouver le regard naïf de l’enfant qui s’émeut. Cela insuffle le plaisir de s’éparpiller dans les sensations fugaces qui traversent les corps, de les figurer en y mêlant impressions sensibles à un absolu qui se passe de descriptions. A te lire je commence à comprendre que la poésie n’est pas dans les mots, elle s’insère dans les blancs, dans les espaces et les soupires, elle est non dite et transparaît en filigrane.
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MessageSujet: Re: L'exigence du travail poétique
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L'exigence du travail poétique

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