Toujours autant de talent, Maldoror.

Puisque tout le monde se jette à l'eau... Un truc tout simple et - je l'espère - apaisant, pour les Neptuniens du forum (enfin, pour les autres aussi).
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Retour de Plage

« Et puis sous les cieux qui s'y rient plus clairs, elle a des airs bleus, roses, gris et verts... Plus belle que tous, meilleure que nous ! » La mer est plus belle – Paul Verlaine


J'entends les rires, les cris de joie des enfants, qui jouent – hilares – avec la mer. Une vague s'élève, s'abat un peu plus loin, puis chasse leurs pieds nus sur le rivage ocre. Ils ont cet émerveillement pour la grande Dame à la robe bleu Charon, qu'on ne ressent plus passé un certain âge. Les bambins piétinent sur les bords de mousseline blanche, se penchent sur ceux-ci avec curiosité, avant que l'un d'eux ne décide de s’asseoir, sans grâce, sur la traîne dentelée de la Marée.

Ah ! Quelle drôle d'étrenne. Toute une collection de souvenirs glissent entre deux petites mains – galets, coquillages, sable fin – : en somme, le contenu entier d'une boîte à bijoux pleine à craquer. Les souvenirs roulent, rampent, décampent. Et dans son infini bonté, la grande Dame se dépare pour en offrir quelques-uns à la faveur d'une lame.

Lorsque les enfants s'en vont, que le soleil se couche sur l'horizon, et couronne la grande Dame de son halo. Elle revêt son manteau rose tendre, qui semble – au loin – s'étendre, s'étirer aux confins des pôles. C'est l'heure adolescente, où les baisers salés se font à l’abri des rochers. Où l'on se découvre, autant que l'on découvre l'autre. Le regard perdu dans le smalt d'un il, d'une elle : La grande Dame n'a plus qu'à tenir la chandelle, le feu du ciel ondoyant sur ses formes mouvantes.

Alors que le crépuscule l'enveloppe de son déshabillé nacarat, dissimulant ses humeurs et ses appâts, d'autres se défont de leurs maillots trempés, à l'intérieur de cabines exiguës décolorées par les flux et reflux. Les épuisettes se remontent, les lignes se rembobinent... Sur l'estacade, les pêcheurs et les derniers promeneurs se hèlent gaiement ; leurs voix portées par l'air salin, se promettent à demain.

Deux silhouettes courbées, se lèvent lentement, quittent leur assise pour rejoindre la chaleur de leur foyer. Les arméries des dunes, se meuvent sur le passage du couple, habitées par le même vent qui décoiffe leurs cheveux gris-blancs. L'homme place à son oreille une conque, tout en s'appuyant sur le bras de sa compagne. Un sourire – oscillant entre la nostalgie, et le ravissement que provoque une nouveauté oubliée –, se fond sur ses lèvres. Je ne peux m'empêcher de me demander ce que la grande Dame lui chuchote : un secret ? Une parole sage ? Une espièglerie ?

À mon retour de plage, au beau milieu des tertres, ce sont les mouettes qui se rient de moi : une pierre d'Odin vissée à l’œil droit, j'ai cherché les fées toute la journée, en vain. Faisaient-elles la planche sur la houle – fatiguées d'être simples demoiselles de compagnie d'une Immensité changeante –, ou s'étaient-elle plutôt assoupies entre deux collines de sable...

Je ne le saurai jamais, car je n'ai vu que des humains. Des petits, des jeunes, des plus grands, des plus vieux. Des êtres sur qui, la grande Dame semblait opérer une heureuse magie.

Un bonheur limpide.

A.L

Merci pour vos gentils mots et encouragements, Navane, Maldoror et Enyleved. Contente que le texte ai plu.

Maldoror a écrit:

Prose poétique qui me fait un peu penser, en mieux encore, c'est dire, à Virginia Woolf. Tu as dû lire "les vagues". Ça m'y a fait penser de loin.

Je n'ai pas lu "les vagues", mais je vais le faire du coup.

Il faudrait utiliser tes textes Maldoror, dans les manifs (sûre que tu l'a déjà fait, en plus). Comme Navane, j'aime beaucoup le dernier texte, juste ce qu'il faut d'absurde avec cet aquarium vide, et surtout on s'attache immédiatement aux personnages (un tour de force pour un texte si court).

J'aime aussi celui qui est au-dessus (et qui n'a pas de titre, zut), car le rythme est excellent. En plus ça dénonce, que demander de plus ?
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Celinesachou a écrit:

Après avoir observé le soleil se coucher c est la nuit qui est arrivée ...
Le décor change mais n en est pas moins beau.
Le soleil fait place à la lune , les nuages aux étoiles et nouvelles histoires à raconter .

Céline, c'est joli, et très doux. J'aime beaucoup les textes qui parle de réminiscences, ça m'a toujours accroché.

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Et Navane et ses papillons, un plaisir.

Merci pour vos mots qui inspirent les sourires du cœur. Qu'il est agréable de vous lire, de découvrir vos impressions, vos idées, vos formules magiques. ENYLEVED, Danaé, Céline, vous êtes belles et Maldoror, tu es beau. Vous êtes comme des paysages intemporels qui imprègnent les pellicules pour offrir des clichés vibrants d'émotions.

Merci pour ces surprises, pour vos délicatesses et vos sensations brutes offertes ici en partage.




J'en profite pour poster la version intégrale de notre composition. Navane

J’irai

J’irai libérer les cœurs,
J’irai chasser les douleurs,
J’irai voler les lueurs
Qui s’abîment sous la ligne des heures.

J’irai délivrer les aveux,
J’irai apaiser le feu,
J’irai au-delà du mieux
Qui nous perd, nous consume d’enjeux.

J’irai voyager sur les liens
Qui accomplissent les destins,
J’irai découvrir les chemins,
Menant vers les choix plus sereins.

Et si je chute comme la pluie qui s’échoit là au hasard,
Si je me bute sur les parois du « trop tard »,
Si je m’élance vers un horizon qui s’enfuit,
Et si j’avance sans plus savoir qui je suis,

Je n’oublierai pas,
Je ne t’oublierai pas,
Je ne vous oublierai pas,
Et je continuerai d’espérer.

J’irai donner la douceur,
J’irai partager l’amour,
J’irai me saisir du jour
Pour en faire un bouquet de bonheurs.

J’irai dérider les grincheux,
J’irai admirer la vie,
J’irai toucher l’infini
Pour y mêler ma voix d’amoureux.

J’irai contempler les merveilles
Qui se jouent au quotidien,
J’irai rencontrer les parfums
Du monde, différents et pareils.

Découvrir les chemins,
Menant vers les choix plus sereins.