Owlferein,

Je suis désolée d'apprendre que tu te sentes si mal par rapport à cette jeune femme dont tu es épris. Je ne sais pas s'il existe des conseils avisés pour ce genre de contexte amoureux. Le désespoir sentimental est quelque chose de très difficile à vivre et à éprouver au quotidien. L'obsession qu'elle suscite rogne le cœur à petit feu et focalise le regard sur la frustration de ne pas obtenir l'échange idéalisé.

On a alors tendance à tout entrevoir par le prisme du manque qui troue lentement notre capacité à nous investir ailleurs, et laisse fuir notre optimisme. Plus rien n'a de saveur et nos aspirations s'effritent dans l'impossible, on a la sensation que parce qu'on ne réussit pas à susciter le même sentiment chez l'être que l'on admire avec toute notre sincérité, nous ne sommes pas aimables, nous n’avons pas de valeur, nous ne méritons pas l'intérêt que d'autres peuvent nous réserver. Nous devenons aveugles à l'espoir qui est pourtant partout, dans chaque échange qui a le potentiel de nous faire voir les choses autrement.

J'ai vécu cela lorsque j'avais dix-sept ans, j'ai mis des années à m'en remettre. Il m’a fallu accepter que l’amour n’est pas quelque chose qui nécessite un retour. C’est nous qui aimons, mais nous ne pouvons pas contraindre l’autre à éprouver la réciprocité de ce que nous ressentons à son endroit. L’amour est gratuit, il n’est pas une chaine que l’on met à la patte de ceux pour qui nous le nourrissons. Pour ma part, je suis parvenue à me détacher petit à petit de la fixation que je faisais alors, en admettant cela comme quelque chose qui m’a libéré de la spirale autodestructrice dans laquelle me plongeait mon inassouvissement sentimental. J’ai compris que l’amour était un état désintéressé, qu’il n’était pas obligatoire qu'il s'exprime dans l’aspiration à un romance fusionnelle, mais partout ou pouvait éclore les sentiments, avec chaque personne croisant notre route.

Et puis, aime-t-on les gens pour se satisfaire soi-même ? Si tel est le cas, est-ce réellement de l’amour ? Toute une myriade de questions se sont imposées à moi et m’ont conduites à réévaluer mes croyances, mes réflexes. Ce n’est pas parce que nous sacrifions notre futur sur l’autel de notre désarroi, que nous prouvons à la personne chérie qu’elle nous est essentielle. Il s’agit là d’un contexte qui peut sombrer dans le chantage affectif et il est délicat d’imposer notre malheur à l’autre, sans respect pour ce qui l’anime à son niveau. Lorsque l’on aime, on se doit accepter que l’autre puisse vivre sans nous si cela est ce dont il a besoin pour être heureux. C’est la moindre des choses que l’on puisse faire pour accepter et dépasser la frustration qui en découle. Le ressentiment n’a pas lieu d’être puisque nous souhaitons le meilleur pour l’être adoré.

Voilà ce que j’ai appris dans ces sombres moments où tout me semblait fade parce que l’impossible s’esquissait dans l’échange que je souhaitais. J’ignore si cela fera écho à ce que tu traverses ou même si tu seras en mesure d’admettre mes propos, mais sache qu’il n’y pas de jugement de mon côté. J’ai seulement l’envie de t’exprimer que tu traverses un moment crucial dans ta quête personnelle et qu’il te faut prendre le temps de revisiter ce que tu espères, ce que cela implique, pour retrouver le goût de vivre et la joie de partager simplement, sans rien attendre de plus que ce que les événements peuvent t’offrir. A ce propos, crois-tu que cela dépend des autres ou de ce que les autres éprouvent à ton contact ? Je n’attends pas de réponses à toutes ces questions que je te pose, je me dis seulement qu’elles peuvent être la base d’un changement de point de vu pour toi, d’un renouveau dans ta façon d’envisager l’épreuve intime que tu traverses.

Pour en revenir à l’astrologie, je remercie Stinger pour cette notion de Lune VOD que je ne connaissais pas, cependant ce n’est pas le cas dans le thème horaire que tu as monté. Elle est en conjonction à Uranus, en opposition au Soleil et à Mercure, en carré à Mars et Pluton, en trigone à Saturne et forme un biquintile à Venus. Si j’ai bien compris ce qu’était une Lune VOD, il faut qu’elle soit inaspectée pour être considérée comme tel ce qui n’est pas le cas ici.

Je ne sais pas interpréter les thèmes horaires selon la tradition, mais la puissance dominante du T-carré en signe cardinaux recèle bien le potentiel dynamique des raisons qui te pousse à t'interroger. On a ici la nécessité de codifier le potentiel d’analyse en le mettant au service de la capacité à s’adapter par une impulsivité menant à de nouvelles découvertes, et cela s'oppose rudement à la promotion des curiosités qui façonnent les principes équilibrant l’apprentissage. Ce contexte est d’ailleurs sclérosé par la complexification des confrontations qui structurent la perméabilité aux principes extérieurs. Un grand remue-ménage qui contient la possibilité de redéfinir beaucoup de choses, même si cela ne se fera pas sans heurt ni explosivité émotionnelle intériorisée.

Pour ma part, je ne vois pas dans ce thème une réponse à ta question, mais les nécessités qu’elle met en perspectives pour dépasser les doutes qu’elle instille en toi. Toute dépendra de ton aisance à accepter pour mieux apprendre, découvrir et redéfinir ta perméabilité à ce qui t’es étranger.

Voilà, même si cela ne résout pas le fond de ton problème, j’espère que cela t’aidera un peu. Prend soin de toi Olwferein .

M.

Owlferein,

Si l'amour disparait c'est que ce n'en était pas, il ne peut-être repris une fois donné. Il est plus fort que l'amertume et pousse à diluer le mal pour aller vers le pardon et l'abnégation. Il ne se situe pas dans l'égalité, mais dans l'indifférence au jugement. Je ne sais pas quelles sont tes convictions, mais j'essayais de t'exprimer que la notion d'amour est bien plus vaste que le contentement de deux êtres qui s'apprécient et cherchent l'émulation, le réconfort mutuel ou l'encouragement de se sentir important pour quelqu'un.

L'illusion est justement de croire que ces aspects d'une relation intime sont des preuves d'amour. Celui qui cherche à tirer un bénéfice personnel des sentiments qu'il éprouve pour d'autres ignore l'essentiel. Nous n'aimons pas pour nous même, mais pour les êtres à qui nous destinons l'expression nos bienveillances. La passion, l'entichement, la possessivité, l'attachement, la compatibilité charnelle, affective ou intellectuelle, ne sont pas de l'amour même s'ils peuvent y participer ou venir se greffer dessus.

De toute façon, je ne cherche en aucun cas à te convertir à ce que j'ai compris. Tu suis ta propre route. Mon cheminement personnel m'a guidé vers ces constats qui n'ont de rêveurs que l'impression qu'ils donnent lorsqu'ils sont mis en mots, afin de traduire quelque chose qui est difficilement exprimable. Ce sont mes abîmes personnels qui m'ont mené à les découvrir et non l'endoctrinement dans des idées que d'autres ont pu m'évoquer.

J'essayais seulement de t'offrir un peu de réconfort, te faire part d'une expérience vécue et ainsi faire ressortir l'idée que tout est une question de point de vue. Nos états d'âme ne sont pas figés dans l'absolu à moins que nous ne fassions le choix de nous positionner irréversiblement dans une croyance, auquel cas, nous nous enlisons dans nos certitudes et nous empêchons d'évoluer.

L'amour a justement le pouvoir de faire table rase de ces assurances trompeuses qui nous verrouillent quelque fois dans le négativisme. Alors peut-être que c'est naïf d'entretenir l'espoir et dans ce cas, je veux bien admettre que je suis et serais une éternelle naïve.

Bonsoir Dadou,

Owlferein vit au Pérou, le thème qu'il nous propose est donc édité selon les latitudes sous lesquelles il se situe.