Bonjour à toutes et à tous,

J’interviens rarement ces derniers temps et relativement peu pour parler de ce qui m’arrive ou me perturbe, mais 2022 est une année difficile. Au-delà des aspects sociétaux qui ressemblent juste à un gros tas de fumier bien puant, je suis mal intimement. J’en ai gros sur la patate comme dirait l'autre, et j’ai besoin de vider mon sac quelque part, alors voilà, je crée ce sujet.

Si vous aussi vous avez besoin d'expurger ou exprimer un mal être, partagez vos sentiments sur ce fil de discussion. Vomissez ici tous ces troubles qui pèsent sur vos humeurs.

Bonjour Launis,

Peu importe que tu n’envoies pas spécialement d’ondes positives, tu exprimes une compréhension et c’est déjà beaucoup. Ne pas se sentir isolé, admettre que d’autres sont passés, passent et passeront par des moments de doute qui ressemblent aux nôtres, cela rassure et crée du lien entre nous, parce que nos expériences peuvent aider, soit à relativiser, soit à trouver des solutions originales à ce qui nous arrive. Enfin, c’est ce que je me dis.

À la base, je n’ai pas initié ce fil de discussion pour que l’on me réconforte, mais simplement pour ouvrir un espace d’expression, un endroit ou chacun a la possibilité de déverser ce qui lui pèse. Parfois, le plus difficile est de dire tout ce qui fait notre mal être et garder cela en en soi ne permet pas de dépasser l’épreuve, mais au contraire, l’intensifie. Alors même si ce que tu vis en ce moment est difficile, je suis content que tu viennes en parler là, que tu racontes ce qui te freine, te bloque, t’es difficile à porter, même si c’est timide et pudique, c’est un pas.

Peut-être décideras-tu d’exprimer plus spécifiquement ce qui t’atteint et te déstabilise. Peut-être que tu n’as pas besoin de détailler plus avant. Peut-être que le simple fait d’avoir dis un peu t’a apaisé d’une certaine manière. En tout cas, j’espère sincèrement que tu trouveras en toi cette force d’endurance qui te permettra de regagner confiance et (re)découvrir qu’elle vient de l’intérieur et non pas du reflet que les autres sont susceptibles de te renvoyer. À mon avis, c’est une nouvelle victoire d’être venue évoquer ici ce qui te perturbe, et commencer cette purge, ce nettoyage, t’autoriser la possibilité de l’exprimer sans que ce soit réceptionné comme de la complainte. Ça peut faire du bien, non ?

Personne ne devrait avoir honte d’être fatigué ou de se sentir faillible devant les difficultés. Nous sommes là, à maintenir l’idée que ne rien en montrer nous renforce alors qu’en définitive, j’ai la sensation que c’est plutôt l’inverse. Ça engendre une charge mentale d’autant plus forte, et des frustrations émotionnelles avec lesquelles il devient de plus en plus contraignant de composer à la longue. C’est en admettant, en acceptant nos faiblesses que nous pouvons gagner en maturité, en lucidité et donc nous renforcer sur de nouveaux niveaux. C’est en tout cas ce que je suis porté à envisager actuellement dans mon propre parcours de vie.

Les grandes périodes de troubles sociaux affectent forcément nos relations personnelles et privilégiées, or l’époque que nous vivons n’est pas des plus folichonne pour la cohésion des êtres. Si nos connexions sont déjà fragilisées, ces moments entraînent forcément des ruptures.

Les ras-le-bol doivent sortir, sinon comment les autres pourraient savoir que l’on est à bout, que l’on en peut plus ? Devraient-ils nécessairement le comprendre d’eux-mêmes alors qu’ils ont également la tête dans le guidon et que leurs propres problématiques les conduisent à la pudeur, la peur d’en rajouter ou tout simplement à l'égoïsme aveugle ?

Je me rends compte qu’on parle souvent de la pluie et du beau temps, mais pas des choses qui comptent vraiment. La crainte de déranger, de se rendre pesant, la croyance que ce sont nos problèmes à nous seuls et que nous nous devons de les porter comme des grands alors que bien souvent, nos difficultés ne sont pas isolées et font intervenir d’autres facteurs que notre seule responsabilité... Tout cela empêche de nourrir des relations saines, nous enferme dans une amertume et une aigreur dont nous sommes finalement les artisans puisque nous n’avons rien dis.

En tout cas, merci pour tes vœux, Launis, j’en nourris de pareils à ton égard et je te souhaite de résoudre les problèmes qui t’affectent.


AttentiS,

La lutte est effectivement l’un des grands enjeux de la vie, et ne pas en être conscient confine à la bêtise, on est d’accord. Toutefois elle ne se résume pas qu’à ça. Le partage et la solidarité font également partie de ses fondements (survie basée sur des relations osmotiques du microscopique au macroscopique ; évolutions concomitantes ; organisations sociales des espèces grégaires allant des insectes aux mammifères...). Ce n’est pas voir la vie en rose, se voiler la face ou de la niaiserie que de le comprendre. Il suffit juste d’observer plus loin que nos noirceurs personnelles et nos désillusions. Tout résumer au combat et à la lutte, c’est également porter des œillères il me semble.

En tout cas, en ce qui me concerne, aimer ne signifie pas désirer égoïstement, et être humain c’est s’affranchir des considérations exclusivement personnelles pour faire corps avec le groupe (via l'empathie, la compassion...) et survivre ensemble. Quand la médecine défie la perte d’un enfant, d’un parent d’un proche, et permet d’échanger encore avec, offre une nouvelle échéance à ce qui aurait dû s’éteindre sans cette intervention, il est évident que le partage de connaissances, la solidarité du groupe, la coopération et la possibilité de se reposer les uns sur les autres est également une stratégie de survie efficace.