est un photographe britannique, né le 11 juillet 1946 à Douglas (île de Man) et mort le 13 octobre 2020.
Chroniqueur de la désindustrialisation du nord-est de l’Angleterre entre 1973 et 1985 et au-delà, il est considéré comme un photographe humaniste et documentaire majeur de la scène britannique.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Chris_Killip
Mort de Chris Killip, photographe de la désindustrialisation anglaise:
par Clémentine Mercier
Témoin de premier plan de la crise où se démène la working-class des années Thatcher, l'artiste britannique donnait la voix aux ouvriers et aux marginaux, bousillés par le capitalisme. Il est mort à l'âge de 74 ans.
Des paysages de l’Angleterre déglingués, bruts et hostiles, avec, au centre, des hommes, des femmes et des enfants qui déchirent l’image : voilà la forte impression que laisseront les photographies du Britannique Chris Killip, mort à 74 ans d’un cancer du poumon. Il y a toujours dans le cadre noir et blanc de Killip des pêcheurs, des mineurs ou des punks qui tanguent ou se tiennent droit, le regard planté dans l’horizon au beau milieu du marasme économique.
C’est ce regard poignant et poisseux de la survie avec, parfois, une petite lueur humaine d’espoir, qui marque, avec Chris Killip, l’histoire de la photographie britannique des années 70-90, aux côtés de Tom Wood, de Martin Parr ou de Paul Graham. Regard essentiel du documentaire d’après-guerre, témoin de premier plan de la crise où se démène la working-class des années Thatcher, Chris Killip, laisse ses archives à la fondation Martin Parr à Bristol. Clichés rudes et mélancoliques
Né à Douglas sur l’île de Man, en 1946, Chris Killip – dont le père tenait un pub – rejoint Londres et débute à 17 ans dans la publicité, avant de se tourner vers le documentaire. Marqué par le travail des Américains Paul Strand et Walker Evans, et des Européens Bill Brandt, August Sander et Robert Frank, il revient en 1969 sur son île natale devenue un paradis fiscal. A Man, tout change soudain : les modes de vie, les habitudes, les gens, les métiers, sous la pression d’une nouvelle économie qui balaie les traditions. Le vieux monde disparaît et Chris Killip l’immortalise dans des clichés rudes et mélancoliques.
Le photographe s’attachera ensuite à peindre les communautés ouvrières du nord-est de l’Angleterre après avoir obtenu une bourse de deux ans. En 1977, le magazine Creative Camera consacre un numéro entier à son travail en cours. De ces années-là, subsistent des icônes comme un père et un fils saisis en 1980 à Newcastle-upon-Tyne. L’homme, à la dentition précaire, et son petit garçon sur les épaules regardent un défilé : dans leurs yeux, se devinent la misère du monde et l’absence d’avenir qui écrase les générations. Les laissés-pour-compte du libéralisme
De ces années prolifiques, où Chris Killip documente les laissés-pour-compte du libéralisme, reste aussi Youth on Wall, la touchante photo d’un jeune skinhead recroquevillé sur lui-même adossé à un mur, le visage plissé de souffrance. Cette image est aujourd’hui devenue un symbole. Chris Killip a toujours été du côté de la lutte, des travailleurs, de ceux qui ne se battent avec rien, comme dans sa série sur les familles qui vivent de la collecte du charbon sur la plage à Lynemouth ou dans celle qui décrit les chantiers navals de Wallsend, entourés d’immenses paquebots. Avec le livre In Flagrante, en 1988, Killip obtient la reconnaissance et le prix Henri-Cartier-Bresson : c’est une photographie du Français, vue dans Paris Match, qui l’avait décidé à devenir photographe.
Influencé par le programme télévisé de John Berger et la pensée de Walker Evans, Chris Killip a défendu toute sa vie une photographie empathique et sociale, modelée par les forces historiques et les mouvements politiques. Cela lui était tout simplement naturel. «Je vivais dans la communauté industrielle de Newcastle, à partir du milieu des années 1970, explique-t-il dans une interview à Aperture. Je me souviens que l’éditeur du magazine du samedi du Sunday Telegraph m’avait demandé de photographier les hommes de la grève des mineurs. Je ne voulais pas faire l’histoire à leur place parce que c’est un journal de droite. Il m’a demandé de quel côté étais-je ? J’ai été assez choqué par la question. Il ne m’était jamais venu à l’esprit que je pourrais être d’autre chose que du côté où j’étais !» Chris Killip a terminé sa carrière aux Etats-Unis, à Harvard, où il est devenu directeur du département des études visuelles. Il avait quitté l’école à 16 ans.
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Mort de Chris Killip, photographe de la désindustrialisation anglaise