Bonjour Terrence,
- Terrence ! a écrit:
- Ce à quoi tu fais référence Hagakure c'est tout simplement Lilith (anorexie) et Priape (boulimie), parce que Saturne gère très bien la frustration, donc il n'est pas question de plonger dans quelque chose pour se sentir comblé avec lui.
Je pense que la peur d'aimer/vivre et l’extrême désir d'aimer/vivre sont des manifestations d'une même tendance, d'une même problématique.
Prenons l'exemple d'une personne ayant subi un manque affectif - qu'il soit réel ou ressenti comme tel, cela n'a pas d'importance au final -, celle-ci, par peur de se confronter à cette souffrance, va tenter de l'éviter, va détourner le cours de son affectivité vers des occupations qui vont finalement l'éloigner d'une confrontation, d'un face-à-face avec la vie.
Là, on va retrouver le portrait brossé du Saturnien classique (ou saturnisé) : rectitude, maîtrise, discipline, organisé, plus
"esprit que corps", peur, recul de la vie et ses manifestations, émotivité lente mais durable (Secondarité), tendance à être dans le passé (intérêt pour l'Histoire, retour aux origines, etc.) et le futur lointain (objectif à longue vue) mais peu d'ancrage dans l'instant présent, le réel, la vie !
On peut constater une première ambivalence saturniennne : on se retient (volontairement ou non, on peut aussi vouloir et ne pas savoir comment faire) de manifester, d'exprimer son affectivité (anorexie). Dans le même temps, c'est, cette fois-ci, sur le terrain de la cérébralité que se manifeste la tendance boulimique : tendance à collectionner, à amasser, des connaissances, des objets, de l'argent, etc. L'érudit n'est-il pas un boulimique de savoir ?
Spinoza, Robespierre, Schopenhauer, Calvin, Colbert, Pasteur, etc., peuvent illustrer ce type Saturnien au "Surmoi" écrasant.
Maintenant, en reprenant l'exemple du manque affectif. Au lieu de se le représenter comme celui qui
renonce, ne peut-on pas imaginer que, face au manque, l'enfant mal sevré, suce son pouce tardivement, se cramponne au jupon maternel, ne supporte pas la moindre séparation, manifeste de la jalousie excessive, cherche à s'accaparer toute l'attention et l'affection sans jamais en être repu ?
Ce climat affectif peut prendre diverses manifestations : recherche d'un partenaire plus âgé (réellement ou psychologiquement) en qui on cherchera protection et encouragements ; s'attacher à une personne et attendre "tout" d'elle, l'accaparer, "l'engloutir" ; aller de bras en bras sans jamais s'en satisfaire et partir une fois la "passion" retombée ; le libertin qui ne s'attache pas ; celui qui brûle sa vie par les deux bouts, etc.
Là, ce n'est plus le Saturne qui joue son rôle de Surmoi, mais, au contraire, l'absence de Surmoi qui laisse la personne livrée à ses emballements successifs, qui ne
renonce plus mais qui
revendique ce qu'on lui volé, ce qu'elle n'a pas eu, ce qu'il lui a manqué.
Johnny Hallyday, conjonction Soleil-Saturne au MC, sevré affectif qui a brûlé sa vie : alcool, drogue, vitesse, bagarre, suicide, libertinage, etc.
Patrick Sébastien à la conjonction Saturne-Vénus en Cancer et son
Vitriol Menthe, ode au libertinage et à l'échangisme.
Thierry Ardisson au Saturne au FC relié à Soleil-Jupiter du Capricorne : avide de réussite, parti de sa famille avec qui il a coupé contact une dizaine d'années. Libertin, échangiste, qui
"snifai(t) de la super poudre toute la journée sans (s)’en rendre compte".
Le footballeur Ronaldinho, au Saturne culminant à l'opposition du Soleil, Asc au Capricorne, orphelin de père retrouvé noyé. Incapable de se plier aux exigences du haut niveau, arrivé au sommet, c'est la panne sèche à 25 ans : son corps ne suit plus, les excès de fêtes, d'alcool, de sexe, ont eu raison de sa carrière.
Lord Byron, conjonction Saturne-Vénus au MC :
"Je passai avec une effrayante rapidité par tous les degrés du vice, et cela sans jouir. [...] Et, cependant, ce dégout et l'isolement de mon cœur, refoulé sur lui-même, me jetèrent dans des excès peut-être plus funestes que ceux que je fuyais, en fixant sur une seule personne, à la fois, les passions qui, rependues sur plusieurs, n'eussent nui qu'à moi-même."Oscar Wilde, au Saturne conjoint MC :
"Je me laissai séduire par les charmes du confort sensuel et dénué de sens. Las d’être sur les hauteurs, je descendis délibérément dans les abîmes, à la quête d’une sensation nouvelle. Ce que le paradoxe m’était dans le domaine de la pensée, la perversité me devînt dans le domaine de la passion. Je négligeai la vie des autres. Je pris plaisir là où cela me plaisait. Je permis au plaisir de me dominer."Alfred de Musset, au Saturne-Soleil approchant la culmination opposés à la Lune :
"Il (Musset, à propos de sa faiblesse) le savait et proclamait la touchante infirmité de son génie, avec des transports de sincérité et d’attendrissement inépuisables ; puis, dès que la faiblesse avait triomphé, il retrouvait des forces pour faire souffrir. Et aussi pour souffrir lui-même, car ce masochiste avait besoin de souffrances pour son travail comme pour son plaisir. Cependant la robuste Sand le couvait. Elle l’appelait : « Mon pauvre enfant » ; il la nommait : « Mon grand George, mon Georgeot. ». Une fois encore, elle était l’homme du couple."Frédéric Chopin, au Saturne-Neptune du FC : déraciné, exilé de sa Pologne natale, en mal de maternage (
"Si quelqu'un désirait me mettre en lisière, je serais très content.")
Le commentaire de George Sand sur sa relation avec Chopin :
"Vous savez maintenant quelle maternelle tendresse a rempli neuf ans de ma vie. J’aurais plutôt à me glorifier qu’à rougir d’avoir soigné et consolé, comme un enfant, ce noble et inguérissable cœur."Charles Baudelaire, Saturne conjoint Soleil-Vénus au carré de la Lune :
"Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide."Giacomo Leopardi, Saturne-Soleil à l'opposition de la Lune-Capricorne, à l'immense soif de vivre frustrée :
"Je chantais à la vie, au milieu des ténèbres""Je suis né pour aimer, j'ai aimé, et peut-être avec autant de passion qu'il en peut jamais entrer dans une âme vivante."Etc.