Prison

Prison des sens qui précisent le réel et le limitent à l’horizon de leurs acuités changeantes et imparfaites. La vérité n’est qu’un cloître de plus pour les définitions immobilisant la perception du présent.

Prison mentale, où les mots deviennent entraves et annoncent les jugements intérieurs comme autant de chaînes qui s’enroulent de la pensée vers le cœur. Les frontières sont là, dessins virtuels sur un fond céleste encagé derrière les barricades de la peur dont le dogme se sert pour fermenter l’intolérance.

Prison d’ego, où l’être se voit tel un centre qui s’esseule en son propre individualisme forcené, bagnard de ses croyances en une particularité exclusive. Les verrous se posent sur l’ailleurs qui menace l’intégrité tels des nués de parasites s’attaquant au bien-être personnel.

Prison psychique qui s’affaire à ligoter les souplesses de l’esprit pour les contraindre à l’obsession d’un contrôle qui s’effrite de heurts en heures. Prison de chair, qui enclos le rêve, le restreint aux limites du corps et forge l’âme dans le creuset de la douleur.

Tout est prison. De l’atome qui contient son énergie derrière les barrières de son enveloppe à l’univers croissant qui s’étend, s’épand, se répand dans un rien sans but. Même le cœur est coffré derrière les barreaux osseux des côtes, galérien contraint de battre les sensibles rythmes du temporaire et du périssable.

La pire des prisons n’est pas la même d’un temps à un autre, d’un être au suivant. Qu’elle soit concrète où immatérielle, elle est la plus nuisible quand elle empêche de comprendre d’autres réalités, plus vastes que notre seule liberté.